samedi 2 mai 2009

Les explications d'un virologue : le professeur Bruno Lina

Deux facteurs limitants qui préviennent la transmission des virus aviaires à l'homme sont absents chez le porc. Le système respiratoire humain présente des récepteurs sur lesquels peuvent potentiellement se fixer les hémaglutinines des virus inflenza de type alpha (2,3) au niveau des voies respiratoires inférieures et alpha (2,6) au niveau des voies respiratoires supérieures. Les virus aviaires ont une biologie spécifique de l'oiseau et ne reconnaissent que les récepteurs alpha (2,3) qui sont chez l'homme confinés dans les voies respiratoires inférieures donc peu exposés.

A la différence de l'oiseau les porcs présentent des récepteurs alpha (2,6). Les virus porcins peuvent donc reconnaître les voies respiratoires supérieures de l'homme, ce qui est beaucoupplus efficace en terme de transmission inter-espèce puis inter-humaine. Par ailleurs la température corporelle des oiseaux est de 39°C, le virus aviaire n'est donc pas en condition optimale de reproduction chez l'homme. A l'inverse la température corporelle du cochon est la même que celle de l'homme.

Comment expliquer la différence de sévérité des cas américains et mexicains ?

Il est trop tôt pour expliquer entièrement cette différence de sévérité. Une chose est sûre, le Mexique n'est pas un pays sous-développé et dispose de moyens biologiques et médicaux conséquents. L'alerte a été donnée par le Mexique un mois après l'identification d'un phénomène anormal. Au début de l'épidémie mexicaine, les traitements anti-viraux étaient absents de la prise en charge ce qui a eu pour conséquence d'augmenter la mortalité. On ne connaît pas actuellement l'âge des patients infectés qui sont morts ce qui permettrait d'identifier les personnes à risque. L'OMS n'a pas fourni ces informations pour l'instant car elle ne veut pas courir le risque d'une mauvais interprétation de ces données. Il faut prendre également en compte le fait que les prises en charge au Canada et aux Etats-Unis ont été très précoces et efficaces. Mais, on ne peut pas, selon moi tout mettre sur le dos d'une mauvaise prise en charge médicale mexicaine.