Des experts sanitaires réunis à Helsinki ont défendu samedi le Mexique et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour leur gestion de la grippe porcine, une épidémie qui a déclenché une alerte mondiale et devrait coûter des milliards de dollars. Même si la menace s'est révélée jusqu'à présent moins grave que redouté au départ, les mesures prises ont placé le monde en position de force en cas d'une résurgence plus mortelle, ont estimé des spécialistes lors du premier grand congrès médical organisé depuis la détection du virus A (H1N1).
"Il y avait un risque de pandémie", a observé Didier Pittet, professeur d'épidémiologie à l'université de Genève et conseiller médical sur le contrôle infectieux auprès de l'OMS, à l'ouverture du Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses, qui rassemble plus de 8 000 médecins à Helsinki durant quatre jours. L'épidémiologiste a rappelé que les premiers rapports suggéraient une mortalité proche de l'épidémie de grippe espagnole de 1918-1919.
L'alarme des autorités sanitaires était donc justifiée, même si le virus s'est révélé par la suite beaucoup moins dangereux, a-t-il estimé. "Les autorités mexicaines ont eu le courage de recourir très rapidement aux isolements, utilisant les méthodes classiques pour contenir un nouveau virus et le risque de pandémie", a-t-il salué lors d'une conférence de presse. "Ensuite, parce que le système de détection à travers le monde a été amélioré, des nouveaux cas ont été détectés (ailleurs)", a-t-il dit.
Une étude publiée cette semaine par la revue américaine Science montre que le virus, quoique contagieux, a un taux de mortalité de 0,4 à 0,6 % des personnes atteintes, bien inférieur aux 10 % redoutés lors des premiers jours de l'épidémie quoique légèrement supérieur au taux d'une épidémie de grippe saisonnière normale. "Il est clair que nous faisons face à un virus qui n'est pas le virus que nous redoutions lors des tests initiaux", a reconnu M. Pittet.
Quant à savoir si le virus aurait pu être détecté plus tôt, "ce n'est pas évident", a estimé Robert Read, professeur en maladies infectieuses à l'université de Sheffield. "D'abord, le paradigme habituel pour une pandémie de grippe est que les nouvelles maladies apparaissent habituellement en Asie du sud-est (...) c'est un peu inhabituel de voir un transmission à grande échelle en Amérique centrale", a-t-il dit. Et ensuite, il est difficile, même dans des pays développés, de détecter des souches inhabituelles dans des maladies aussi banales que la grippe, a-t-il avancé.
Les experts réunis à Helsinki ont appelé à ne pas baisser la garde.Quand l'hémisphère nord entrera dans sa saison de grippe hivernale, le virus aura plus de possibilités de muter avec des "cousins" viraux, a averti Didier Pittet. Il pourrait devenir moins virulent mais également plus mortel, ou encore être résistant au Tamiflu, le médicament le plus en pointe contre l'épidémie, a-t-il dit.
Selon le Mexique, qui a pris des mesures strictes pour contenir le virus, la grippe porcine va coûter au pays 2,3 milliards de dollars.