mardi 12 mai 2009

Choix du vaccin antigrippe : décision le 14 mai

C'est dans 48 heures que l'OMS se prononcera quant au choix du vaccin pour la prochaine campagne qui doit se dérouler à l'automne. Reste toujours le dilemme. L'OMS devra choisir entre faire entrer le H1N1 souche nord-américaine dans le vaccin de la grippe saisonnière ou faire un vaccin dirigé contre la pandémie. L'OMS semble s'orienter vers cette dernière solution.

Près de 35% de la population française pourrait être touchée par la grippe porcine, ce qui pourrait entraîner 30 000 morts, a affirmé lundi Antoine Flahaut, épidémiologiste et directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes lors d'une conférence. Selon ce scénario, le pic se fera sentir "après l'été" et pourrait toucher "35% de la population". En comparaison, la grippe saisonnière fait en moyenne 6 000 morts par an.

"Mon sentiment est qu'ils vont faire un vaccin pandémique", a-t-il ajouté sachant que "le nouveau virus est ultra-compétitif et chassera tous les autres". "En janvier, il n'y aura plus que du H1N1 sur la terre, le reste aura été dégommé", a-t-il ajouté.

"Chaque nation va décider de sa politique et cela ne va pas être triste, car il n'y aura pas de vaccins pour tout le monde", a encore déclaré M. Flahaut. "Soit on vaccine, comme pour la grippe saisonnière, les personnes âgées et les plus fragiles, soit on veut faire barrière au virus et on vaccine les personnes stratégiques, mais c'est qui les personnes stratégiques ?", s'est-il interrogé.


M. Flahaut ne croit pas à un scénario de type SRAS, avec des symptômes apparaissant chez toutes les victimes et des hospitalisations systématiques. Selon lui, en moyenne, la moitié des personnes infectées par le H1N1 ne ressentent pas les symptômes de la maladie. Il ne croit pas non plus au scénario de type grippe espagnole de 1918/1919 qui aurait fait selon l'OMS au moins 40 millions de décès dans le monde en raison d'un taux très élevé "de 1 à 3% de cas de mortalité par rapport aux cas infectés". En revanche, il rapproche plutôt la pandémie actuelle de la grippe de Kong-Kong de 1968. "En 1968, il y a eu 30 000 morts, on ne l'avait pas vu, là on le verra", a-t-il dit devant des étudiants.

"Pour le moment en France, nous n'avons que des cas d'importation, mais je ne serais pas étonné que des gens qui n'ont pas eu les symptômes aient transmis" la maladie, a-t-il ajouté. "Il s'agit d'un virus qui se transmet comme les autres, il n'est pas exceptionnel, il fait sa besogne", a-t-il expliqué. En moyenne, a-t-il ajouté, une personne contagieuse transmet la grippe à deux autres personnes.

"Si au niveau collectif c'est une grande menace, au niveau individuel ce n'est qu'une grippe", a-t-il expliqué. "35% de la population malade, cela peut gripper le système, notamment le système de santé", a-t-il poursuivi. "La pandémie, nos pays s'en sortiront sans grands dégâts, ceux qui vont en souffrir sont ceux qui souffrent déjà, par exemple ceux qui ont des emplois précaires", a-t-il encore dit.