vendredi 1 mai 2009

Un vaccin dès que possible, mais quand et pour qui ?

On sait que la fabrication d'un vaccin est une entreprise de longue haleine. Il faut d'abord identifier avec précision la souche virale concernée, puis se donner les moyens d'arriver à une production en grande quantité. Malheureusement ce processus demande du temps, entre 4 à 6 mois. Un vaccin éventuel contre le virus de la grippe A (H1N1) ne serait donc disponible en France au plus tôt qu'à la rentrée de septembre/octobre 2009. Finalement cela peut-être une chance fantastique de l'avoir à temps pour la campagne de vaccination de l'hiver 2009/2010. Nul doute que cette fois de nombreuses personnes réticentes se feraient vacciner.

Plusieurs sociétés sont sur les rangs comme cette entreprise canadienne.

Frédéric Ors, vice-président au développement de Medicago, estime que, d'ici un mois, l'entreprise de Québec devrait avoir des échantillons de vaccin prêts à être testés. La biopharmaceutique Medicago vient d'entrer de plein- pied dans la course au vaccin de la grippe mexicaine. Mercredi, la société qui a pignon sur rue dans le Parc technologique a confirmé qu'elle avait en main la séquence génétique du fameux virus de la grippe de type H1N1. Pour l'heure, aucun vaccin n'a été conçu pour combattre une éventuelle pandémie mondiale.

«D'ici un mois, nous devrions avoir des échantillons de vaccins prêts à être testés», soutient le vice-président au développement de Medicago, Frédéric Ors. Il faut dire que la partie ne s'annonce pas facile.

À l'échelle planétaire, plus de 30 sociétés pharmaceutiques seraient impliquées dans la course au vaccin de la grippe mexicaine. Parmi celles-ci, on note les multinationales Roche, GlaxoSmithKline, Safoni-Aventis, Novartis, Baxter, CSL et AstraZeneca.

Or, Medicago pourrait surprendre par sa rapidité de mettre à jour un antiviral. Car contrairement aux compétiteurs qui travaillent avec des procédés traditionnels sur des oeufs (virus vivant) s'étirant sur six mois, Medicago utilise plutôt le code génétique sur des plants de tabac codés en laboratoire. Durée de l'opération : un mois. Attaqués de toutes parts, les plants de Medicago secrètent alors naturellement une sphère protectrice appelée particules pseudo-virales. Les chercheurs de la biopharmaceutique recueillent alors ces particules pour les intégrer à un vaccin. «Notre vaccin pourrait ainsi être testé sur des animaux et des humains rapidement avec la bénédiction de Santé Canada», affirme le vice-président au développement de l'entreprise.

L'efficacité de la technique conçue par Medicago pour un vaccin contre la grippe aviaire (H5N1) a déjà fait ses preuves sur des animaux en laboratoire. Cependant, avant que le vaccin soit homologué par Santé Canada et offert au pays, la société devra procéder à des tests sur des humains. Une étude clinique de phase un est d'ailleurs prévue pour le mois d'août.

Une grosse affaire

La fabrication d'un vaccin contre la grippe (aviaire, mexicaine ou autre) pourrait s'avérer une véritable mine d'or pour Medicago. Annuellement, les gouvernements et les consommateurs de la planète dépensent près de 4 milliards $US pour lutter contre ce virus.

Chez Medicago, on estime que le marché de la grippe pourrait rapporter 100 millions $ sur trois ans une fois une série de vaccins fabriqués et homologués par les autorités médicales. D'ici là, la biopharmaceutique ne devrait pas éprouver de difficultés à se financer pour poursuivre ses travaux de recherche. Depuis décembre, son principal actionnaire (49,8 % des parts) est le producteur de cigarettes Philip Morris.

Quant à la production de vaccins à grande échelle, Medicago possède déjà sa propre usine à Québec. Ses installations pourraient fabriquer rapidement près de 30 millions de doses.