jeudi 3 septembre 2009
Grippe A : De 3 000 à 4 000 nouveaux cas par semaine
En quelques jours quatorze personnes sont décédées en France de la grippe A (H1N1) dont la moitié en Nouvelle-Calédonie. Faut-il voir dans ces décès une accélération de la circulation du virus et l'arrivée prochaine d'une pandémie largement annoncée ? En tout cas la grippe A est de toutes les conversations de rentrée. Et la majorité des experts est d'accord sur son imminence. Mais quand ?
Officiellement personne ne veut se mouiller. Une certitude, le nombre de cas devrait se multiplier en septembre. Actuellement le virus frappe plus de 4 000 personnes par semaine en France même si formellement la France ne fait plus de prélèvements systématiques de salive pour identifier le virus. Dans les milieux médicaux, on évoque un pic de pandémie qui pourrait se situer dans la deuxième quinzaine d'octobre.
Les vaccins seront-ils prêts ?
C'est la grande question. Si les autorités sanitaires se veulent rassurantes, il semble bien que le temps risque d'être compté. Le vaccin pourrait bien être prêt dès le 1er octobre. Mais le temps d'obtenir son autorisation de mise en marché (AMM), il ne pourrait être opérationnel que le 15 octobre. C'est bien donc une course contre la montre qui s'annonce contre un virus beaucoup plus contagieux qu'une grippe ordinaire: un Français sur trois serait touché et le H1N1 pourrait causer 25 000 morts en France contre environ 5 000 par an pour une grippe saisonnière normale.
Quelle sera la sécurité du vaccin ?
Les infirmiers se méfient des risques d'une vaccination Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) a estimé hier que la vaccination massive de la population contre la grippe H1N1 présentait des risques, en raison de certains composants du vaccin et de tests jugés pas assez nombreux. «Injecter 94 millions de doses d'un produit sur lequel nous n'avons aucun recul peut poser un problème de santé publique» , estime Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI. Il «craint une répétition des complications rencontrées aux Etats-Unis en 1976 avec le vaccin contre la grippe porcine», qui aurait augmenté les risques de maladie neurologique. Il souligne aussi la présence dans l'un des vaccins commandés d'un «amplificateur d'effet» qui «n'a jamais été utilisé auparavant dans un vaccin commercialisé à large échelle». Il pourrait «déclencher des réactions immunitaires excessives, dangereuses pour des personnes atteintes de certaines pathologies». Le vaccin montre une forte réponse immunitaire Le vaccin contre la grippe H1N1, actuellement développé par Novartis, a montré une forte réponse immunitaire lors d'études cliniques menées par le groupe, a-t-il indiqué jeudi.
La première étude de ce genre menée par le laboratoire helvétique a démontré une "forte réponse immunitaire, potentiellement protectrice" dans 80 % des cas après l'injection d'une dose et dans plus de 90 % des cas après deux doses, a précisé Novartis dans un communiqué. L'étude clinique a été menée auprès de 100 personnes, agées entre 18 et 50 ans, à l'hôpital universitaire de Leicester (centre du Royaume-Uni) avec un vaccin développé par culture cellulaire, une méthode rapide et novatrice. "Les résultats ont démontré que la réponse des anticorps était la plus forte parmi les personnes ayant reçu deux doses de vaccin, même si une seule dose a également suscité une réponse permettant de protéger contre la grippe", a estimé Novartis. "Même si deux doses semblent apporter une meilleure protection, une seule dose de notre vaccin adjuventé Celtura (nom commercial du vaccin développé par Novartis) pourrait être suffisante pour protéger les adultes contre la grippe porcine", a affirmé Andrin Oswald, directeur de la division vaccins et diagnostics. Novartis, qui veut commercialiser le vaccin d'ici l'automne, mène également d'autres études cliniques avec un vaccin développé par culture cellulaire et par la méthode classique des œufs auprès de plus de 6 000 adultes et enfants. Le laboratoire bâlois, qui a débuté avec les études cliniques en juillet, prévoit de fournir 100 millions de doses de vaccin d'ici la fin de l'année, avait indiqué un porte-parole. Le groupe, qui est en discussion avec plus de 35 gouvernements, a reçu deux commandes totalisant 979 millions de dollars (685,4 millions d'euros) du gouvernement américain. Novartis a également signé d'autres contrats, notamment avec la France, les Pays-Bas et la Suisse.