samedi 26 septembre 2009

L'OMS toujours méfiante face au virus de la grippe A (H1N1)

"C'est peut-être parce qu'on en aura fait trop qu'on aura évité une catastrophe" : Marc Danzon, directeur de l'OMS pour l'Europe, défend la stratégie de l'organisation face au virus de la grippe A (H1N1).

Pour l'heure relativement bénigne sur le plan médical, la pandémie peut bouleverser les économies et le risque de mutation vers un virus plus dangereux est toujours possible, prévient-il. "Ne me dites pas qu'on en a trop fait parce que c'est peut-être parce qu'on en aura trop fait qu'on aura évité une catastrophe", a-t-il dit à Reuters, en marge d'une convention internationale sur la santé à Chamonix. "Pour la grippe aviaire, on nous avait déjà reproché de trop en faire. Dès qu'il y avait le moindre doute en Turquie ou en Azerbaïdjan, on y est allé et c'est peut-être pour ça qu'on a arrêté la propagation".

Directeur depuis dix ans la section européenne de l'Organisation mondiale de la santé, le Français cédera à la fin de l'année la place à la Hongroise Zsuzsanna Jakab. Médecin de formation, il suit de près l'évolution de la grippe A, qui se propage à grande vitesse dans l'hémisphère Nord. "La carte évolue tous les jours", dit-il. "On sait que c'est un virus qui se dissémine rapidement, qui ne touche pas les mêmes populations que celles de la grippe saisonnière, et qui aujourd'hui n'est pas méchant". Face aux recommandations de l'OMS, les pays se sont préparés à des degrés divers, en commandant notamment des vaccins. Certains comme le Danemark ont prévu de vacciner seulement les populations à risque, tandis que d'autres comme la France s'adressent à l'ensemble de leur population. Quelque 94 millions de doses y ont été commandées en vue d'une campagne de vaccination qui doit débuter à la mi-octobre.

Pour Marc Danzon, on ne saurait reprocher aux autorités d'être trop prudentes. "Ce qui est important, ce n'est pas la manière dont on a investi l'argent mais comment on est préparé à faire face à une crise si la pandémie venait à désorganiser le pays", dit-il. "Pour l'instant, c'est un problème collectif, c'est l'influence que la grippe aura sur la société et sur l'économie parce qu'on va fermer les écoles, etc. - et on va devoir le faire".

Apparu au Mexique, le virus de la grippe A peut encore muter.

"Si le virus reste en l'état, la grippe aura des effets sur l'économie, moins sur la santé. Mais aucun responsable de la santé ne peut s'enlever de l'idée qu'il pourrait y avoir une mutation du virus et qu'elle pourrait devenir très grave", souligne Marc Danzon. Attendu avec les premiers froids, le premier pic de pandémie devrait, d'après lui, convaincre des personnes aujourd'hui réticentes à se faire vacciner. "Ça va changer quand il y aura suffisamment de cas et que chacun en aura autour de lui", dit le directeur du bureau européen de l'OMS, pour qui le vaccin ne comporte aucun risque. "Les laboratoires sont en compétition, ils ont intérêt à aller plus vite que les autres tout en gardant l'objectif total de sécurité", fait-il remarquer. A ses yeux, les craintes de l'opinion face au vaccin telles qu'elles se sont notamment exprimées en France, n'ont pas lieu d'être. "Il n'y aura pas de problème, car il y a très peu de différence entre ce vaccin et ceux qu'on connaît. Certains disent qu'il y a des substances nouvelles : ce n'est pas vrai", affirme-t-il. "Ce vaccin ne serait pas mis sur le marché s'il avait le moindre de danger". "On veut sauver des vies humaines mais il ne faut pas qu'il y ait d'accident, sinon on détruit toute crédibilité. Il n'y en aura pas", assure-t-il.