mercredi 9 septembre 2009
L'Union Européenne tente de coordonner la lutte des 27 contre la grippe A
Disposant de compétences très limitées en matière de santé, la Commission européenne en est réduit à coordonner l'action des différents Etats sur la grippe et à faciliter la communication entre les capitales. D'où la création d'un site Internet spécialement dédié au virus, où elle synthétise toutes les informations disponibles sur le sujet. Bruxelles émet également des recommandations sur la grippe A. Fin août, les experts de la santé de l'UE des 27 ont par exemple préconisé de vacciner en priorité les malades, les femmes enceintes et le personnel médical. Mais chaque Etat reste entièrement libre de définir sa politique de vaccination. Outil essentiel de la Commission, le Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies (ECDC) décompte chaque jour le nombre de malades et de victimes du virus. Mais de l'aveu même de la présidente du centre, Zsuzsanna Jakab, ces décomptes sont de moins en moins pertinents. "Nous allons cesser de publier les cas confirmés", a-t-elle annoncé mardi 1er septembre devant les députés européens membres de la commission Environnement, santé publique et sécurité alimentaire. Un arrêt justifié par le fait que les pays membres ont cessé de dénombrer leurs malades. Mais dans son dernier décompte, publié sur son site lundi 7 septembre, l'agence européenne évoque encore 48 668 cas dans les 27 Etats membres. Avec 1125 malades et 14 décès (7 en Nouvelle Calédonie, 3 en Polynésie française, 2 à la Réunion et 2 en métropole), la France est le troisième pays à compter le plus de morts. En revanche, concernant le nombre de malades, elle est très loin derrière l'Allemagne (17 193) ou le Royaume-Uni (13 192).
Réunion d'un "G7 Santé" à Bruxelles
Au cours de son audition, la directrice de l'ECDC a ajouté que si seulement 1% de la population européenne était atteinte par la maladie, ce taux pourrait grimper à 30 % durant l'hiver 2009-2010. "La maladie est bénigne, pas beaucoup plus grave que la grippe saisonnière", a-t-elle souligné. Une grippe ordinaire qui provoque chaque année environ 40 000 morts dans les pays européens. La ministre de la Santé devrait évoquer le sujet au cours d'un déjeuner de travail avec le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche, mardi 8 septembre. Puis les ministres de la Santé du G7 se réuniront à Bruxelles, jeudi 10 et vendredi 11 septembre, avec leur homologue mexicain et la commissaire à la Santé Androulla Vassiliou. Ils aborderont principalement les stratégies et les approvisionnements de vaccination, mais aussi les autres mesures de protection sanitaire concernant l'actuelle pandémie de grippe A. Ce groupe, baptisé le "GHSI", a été créé en 2001, après l'envoi de lettres d'anthrax aux Etats-Unis. En décembre 2008, lors de leur réunion à Bruxelles, il avait d'ailleurs examiné la possibilité d'une pandémie grippale. Le 12 octobre, les ministres européens en charge de la santé tâcheront de s'accorder sur une stratégie communautaire pour les préparatifs en vue de la pandémie.
La présidence propose que cette stratégie porte sur :
- le passage d'actions jugulant la maladie à des mesures visant à en atténuer les effets
- les actions de communication pour que les populations et leurs proches puissent se protéger plus facilement
- des actions de solidarité internationale
- l'accès aux vaccins et leur homologation
- la passation commune de marchés pour l'achat de vaccins
- l'aide à la distribution commerciale de vaccins au sein de l'UE.
Cette réunion se tiendra trop tard, diront certains. En réalité, elle aura lieu quinze jours avant la mise à disposition des premiers vaccins contre la grippe sur le marché européen. Le calendrier enchaîne une réunion du GHSI à Bruxelles les 10 et 11 septembre, puis un conseil EPSSCO avec une réunion extraordinaire des ministres européens de la Santé qui sera dédiée à la grippe le 12 octobre. En novembre 2005, la Commission européenne avait adopté deux plans d'action visant à aider l'UE et les Etats membres à faire face à des cas sérieux d'urgence sanitaire transfrontalière et à une éventuelle pandémie de grippe. Gestion de l'information, avis scientifiques, structures de liaison, de direction et de contrôle... les domaines abordés par Bruxelles étaient nombreux. Mais trois ans plus tard, une simulation de pandémie soumise par la France pendant sa présidence de l'UE aux ministres européens de la santé, avaient révélé de réelles divergences entre les Etats, dans leur façon de répondre à la crise.