mardi 8 septembre 2009

Le casse-tête de l'isolement des détenus grippés

Les premières suspicions de grippe A sont apparues dimanche chez trois détenus à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas (Rhône). Les syndicats s’inquiètent eu égard à la surpopulation carcérale.

Enfermés derrière des barreaux, les 62 420 détenus en France pourraient se penser à l’abri d’une épidémie de grippe A. Ce serait sans compter sur la surpopulation carcérale, leur santé généralement fragile et les mesures d’hygiène parfois difficiles à respecter. Première alerte dimanche, à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, dans le Rhône. Trois détenus présentent « de fortes suspicions » de grippe A, quelques jours après un cas avéré détecté chez un membre du personnel de l’établissement, selon le quotidien lyonnais Le Progrès. Selon les syndicats pénitentiaires, les trois détenus « ont reçu des masques pour éviter de contaminer d’autres personnes mais ils n’ont pas été mis en quarantaine ». Quand au cas avéré de la semaine dernière, il s’agit d’une femme appartenant au personnel administratif, qui n’est pas en contact avec les prisonniers. Elle est tombée malade mi-août, s’est rétablie, et a depuis repris le travail.
Libérations anticipées ?

Depuis juin dernier, l’administration pénitentiaire n’a pas souhaité communiquer de détails sur le plan de lutte contre la pandémie, malgré l’insistance des syndicats, inquiets. Jointe hier par téléphone, la secrétaire générale de la CGT-Pénitentiaire, Céline Verzeletti, est inquiète. « Si la pandémie gagne les prisons, les activités collectives et les parloirs seront suspendus par mesure de précaution. Cela va créer une tension énorme chez les détenus, qui va être difficile à gérer. Sans compter que les membres du personnel seront peut-être en effectif réduit si ils sont eux-même touchés, ou si ils doivent garder leurs enfants à la maison à cause de la fermeture possible d’écoles. Il faut faire attention. » Selon les syndicats, les chefs d’établissements ont reçu l’ordre de placer à l’isolement dans des cellules individuelles pendant sept jours tous les détenus porteurs du virus. « Mathématiquement, c’est impossible, estime Céline Verzeletti. Il n’y a déjà pas assez de places. La seule solution selon nous serait d’envisager des libérations anticipées lorsqu’il s’agit d’un délit mineur et que le détenu ne présente pas de risque pour la société. »