Les premiers résultats d'essais cliniques réalisés avec des vaccins contre le virus A (H1N1) paraissent encourageants. Le New England Journal of Medicine (NEJM) a mis en ligne sur son site, vendredi 11 septembre, plusieurs articles indiquant que les vaccins testés - ceux du laboratoire australien CSL et du suisse Novartis - suscitent bien une réaction du système immunitaire contre la souche responsable de la pandémie actuelle, même avec une seule injection.
Ni le nombre de participants (240 dans un cas, 175 dans l'autre) ni le délai au terme duquel les premières données ont été analysées (trois semaines) ne permettent cependant de juger de la survenue d'effets indésirables à moyen ou long terme. Les manifestations secondaires observées dans les deux ou trois semaines suivant la vaccination (douleur au point d'injection, fièvre ou céphalées) sont qualifiées par les auteurs de ces travaux de "légères à modérées".
Un premier article, celui de l'équipe de Jacqueline Katz (Centres pour le contrôle des maladies et la prévention, Atlanta, Géorgie) visait à répondre à la question suivante : Les personnes ayant déjà été vaccinées contre la grippe saisonnière ou ayant contracté celle-ci ont-elles développé une immunité croisée contre le virus A (H1N1) ? L'étude montre que seulement 4 % des sujets nés après 1980 et ayant été au contact avec le virus saisonnier présentaient une concentration d'anticorps classiquement considérée comme de bon niveau contre le virus A (H1N1), contre 34 % de ceux nés avant 1950. Cette différence s'explique par le fait que, jusque dans les années 1950, le virus saisonnier était lui aussi de type H1N 1. "Ces résultats confirment ceux que nous publierons très prochainement pour la France : Le vaccin saisonnier n'apporte pas de bénéfice face au virus A (H1N1), alors que les personnes âgées de plus de 50-60 ans présentent des taux d'anticorps pas très élevés mais supérieurs à ceux des jeunes", commente le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l'Institut microbiologie et maladies infectieuses (IMMI).
Les deux essais cliniques avaient pour objectif d'apprécier la capacité du vaccin contre le virus grippal A (H1N1) à entraîner, à différentes doses, une réponse immunitaire, sous la forme de la production d'anticorps.
Uniquement composée d'employés du fabricant australien CSL, l'équipe de Michael Greenberg a comparé les effets sur l'immunité d'un vaccin comportant une ou deux doses d'antigène. Les 240 participants, divisés en deux groupes - plus de 50 ans et moins de 50 ans -, étaient ensuite répartis de manière aléatoire entre ceux recevant une dose de 15 ou de 30 µg d'hémagglutinine (HA), une protéine présente à la surface du virus grippal. Trois semaines après la vaccination, plus de 90 % des personnes vaccinées présentaient la réponse immunitaire attendue : Respectivement 96,7 % pour celles ayant reçu la dose de 15 µg et 93,3 % de celles ayant eu 30 µg. Les expérimentateurs signalent des effets indésirables locaux chez 46,3 % des sujets.
L'équipe de Tristan Clark et Manish Pareek (Université de Leicester, Royaume-Uni), comprenant un chercheur du laboratoire Novartis, a testé les effets d'un vaccin à différentes doses, et avec ou sans adjuvant (substance qui renforce l'efficacité du vaccin). Les 175 participants étaient âgés de 18 à 50 ans. Les résultats présentés sont préliminaires et concernent uniquement les participants ayant reçu une ou deux injections à 7,5 µg d'hémagglutinine, sans adjuvant. Les concentrations d'anticorps obtenues atteignent des niveaux "généralement associés à une protection dans les quatorze jours suivant une injection", indiquent les auteurs.
"Ces deux essais montrent que des vaccins préparés à partir de la souche fournie par l'Organisation mondiale de la santé induisent ce que l'on attend d'un vaccin contre la grippe. Ils provoquent une réponse immunitaire. Ils indiquent également qu'une seule dose est peut-être suffisante. Cela ne veut pas dire qu'ils sont protecteurs, mais il existe généralement pour les vaccins contre la grippe une bonne corrélation entre les marqueurs biologiques utilisés et la protection clinique. C'est donc une assez bonne nouvelle", analyse le professeur Delfraissy.
Par ailleurs, le vaccin mis au point par le laboratoire français Sanofi serait, lui aussi, efficace avec une seule dose, a indiqué, vendredi, le ministère américain de la santé. Un essai clinique, mené par Sanofi avec des adultes de 18 à 64 ans ayant reçu une simple dose de 15 µg de ce vaccin, a montré que 96 % d'entre eux ont développé une forte réponse immunitaire, précise le ministère. Des essais menés à plus grande échelle donneront prochainement davantage de renseignements sur l'efficacité des différents vaccins contre le virus grippal A (H1N1) et sur leurs effets indésirables.