vendredi 10 juillet 2009

Précisions et questions sur la vaccination en France contre la grippe A (H1N1)

Le ministère de la Santé veut protéger l'ensemble de la population mais le vaccin ne sera sans doute pas disponible en quantité suffisante avant la première vague de la pandémie. Il sera spécifique pour les enfants.

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a indiqué hier qu'elle poursuivait les négociations avec plusieurs laboratoires. 50 millions de doses devraient être fournies par GlaxoSmithKline et 50 millions par Sanofi, Novartis et Baxter. Entre 600 et 800 millions d'euros, selon un rapport de la Caisse nationale d'assurance maladie, présenté hier.

Reste à savoir quelle sera la part de l'Etat et celle de l'Assurance maladie. Et si le vaccin sera gratuit...

Quand le vaccin sera-t-il disponible ?
Les livraisons devront avoir lieu entre le 15 septembre 2009 et le 31 janvier 2010, selon des clauses incluses dans les contrats avec les laboratoires.

Qui sera vacciné ?
Le ministère de la Santé souhaite «protéger l'ensemble de la population», sachant qu'il faudra deux doses de vaccins par personne. Mais la stratégie de vaccination n'est pas encore arrêtée. «Pour l'instant, il est difficile d'avoir une stratégie», nous a expliqué hier le Pr Daniel Floret, président du comité technique de vaccination et pédiatre aux Hospices civils de Lyon. «Si on dispose du vaccin avant la première vague de pandémie, alors on vaccinera pour arrêter la pandémie. Dans ce cas, la stratégie la plus efficace est de vacciner au maximum les enfants. Mais pour moi, il est improbable que le vaccin soit disponible avant cette première vague», précise le Pr Floret. Dans ce cas, la stratégie reposera sur la protection de ceux qui ne sont pas atteints pour prévenir la survenue des vagues suivantes et s'adressera à des populations ciblées, par exemple les 40-50 ans s'ils sont les principales victimes. Les plus de 60 ans pourraient alors ne pas être vaccinés si la grippe continue à ne pas toucher cette tranche d'âge. Faute de disposer des 100 millions de doses en même temps, il faudra faire des choix.

Ci-contre carte montrant la répartition actuelle de cas de grippe porcine sur le territoire métropolitain

Comment se déroulera la vaccination ?
La vaccination devrait être organisée de manière collective dans des centres de vaccination et d'autres lieux dédiés. Le vaccin ne sera pas disponible en pharmacie et la vaccination ne devrait pas se faire non plus directement chez son médecin traitant. «Si, comme il est probable, on commence par les sujets les plus à risques cela serait ingérable. Comment un médecin va-t-il pouvoir dire à son patient: on ne vaccine qu'à partir de 40 ans et vous n'en avez que 35...», explique Daniel Floret.
Existera-t-il plusieurs types de vaccins ?
Le vaccin pour adultes contiendra un adjuvant (substance ajoutée) mais le comité technique de vaccination souhaite que les laboratoires proposent un vaccin sans adjuvant pour les enfants de moins de 3 ans et les femmes enceintes. «L'adjuvant, c'est une émulsion d'huile dans l'eau. C'est un puissant stimulant du système immunitaire. Nous avons quelques réticences à les utiliser chez les sujets dont le système immunitaire est en cours de mutation», explique Daniel Floret.

A quoi servent les adjuvants dans les vaccins ?
Ils permettent de réduire la dose d'antigène. «Dans les vaccins grippaux, il y a normalement 15 microgrammes d'antigènes; avec un adjuvant, 3,5 microgrammes suffisent. Cela permet de fabriquer beaucoup plus de vaccins», explique le Pr Floret. L'adjuvant augmente également l'efficacité du vaccin. «Pour protéger des sujets vierges sans anticorps, comme c'est le cas pour un virus pandémique, il faut deux doses de vaccin. Avec un adjuvant, on commence à être protégé dès la première dose», précise le pédiatre. Enfin, l'adjuvant offre «une protection croisée. Si le virus a une petite modification génétique comme cela se fait en permanence, cela permet de protéger quand même», souligne Daniel Floret.
Quels seront les adjuvants utilisés ?
L'aluminium ne devrait pas être utilisé comme adjuvant car dans les vaccins anti-grippaux «il ne sert pas à grand-chose», explique le Pr Floret. «Chaque firme a sa propre recette lipidique», précise le spécialiste. L'un des adjuvants utilisé pour ce type de vaccin est le squalène, une huile présente naturellement dans les plantes et dans le foie de certains animaux et de l'homme. En décembre 2008, l'Organisation mondiale de la Santé indiquait que 22 millions de doses de vaccins antigrippal contenant 10 mg de squalène avaient été administrées depuis 1997 sans «aucune réaction indésirable grave». Ce vaccin avait été administré principalement dans les tranches d'âge élevées. «Lorsque l'on introduira ce vaccin, et d'autres, contenant du squalène dans d'autres tranches d'âge, le suivi après commercialisation des manifestations postvaccinales indésirables devra être assuré», précisait l'Oms.