vendredi 31 juillet 2009
Combien de morts la grippe pourrait-elle faire en France ?
Médecin Urgentiste et coauteur d’un livre sur la pandémie grippale, Sandrine Segovia-Kueny explique que le risque d’un cas mortel de grippe A ne cessait d’augmenter.
Un décès lié à la grippe A en France était-il prévisible ?
Sandrine Segovia-Kueny. C’était inéluctable compte tenu des données mondiales et en particulier chez les personnes fragilisées.
Avant que les cas graves n’apparaissent au Mexique en avril, le virus avait déjà circulé de façon active dans le pays depuis le mois de février. En France, le nombre de cas de grippe A étant en hausse constante depuis quelques semaines, le risque d’être confronté un jour à un cas mortel ne cessait donc d’augmenter.
La France semblait jusqu’à présent relativement épargnée par le virus, au vu de nos 1 022 cas confirmés ou probables…
Le nombre de personnes qui ont réellement contracté la grippe A en France est sous-estimé pour deux raisons : d’une part, la moitié des gens touchés par le virus ne ressentent aucun symptôme, d’autre part, tous les cas ne sont pas déclarés par mes confrères. Enfin, l’Institut de veille sanitaire (InVS) ne recense plus désormais que les cas graves ou groupés pour déterminer comment le virus circule et se multiplie. Cela signifie que plusieurs milliers de personnes ont en réalité été atteintes par la grippe A en France sans être officiellement recensées.
Qui, dans la population, est le plus menacé ?
Selon les données de l’OMS, les personnes souffrant de pathologies chroniques (problèmes respiratoires, cardiovasculaires, diabète, obésité, cancer), mais aussi les jeunes enfants et les femmes enceintes sont davantage exposés à des complications en cas de grippe A.
Combien de morts la grippe pourrait-elle faire en France ?
Le scénario le plus catastrophique évoque 1,1 million de morts en Europe… dont 89 600 en France ! Mais l’hypothèse la plus probable fait état de 10 000 à 20 000 décès, soit deux à quatre fois plus qu’une grippe saisonnière sévère.