lundi 27 juillet 2009

Entre urologue et virologue ... on pourrait confondre u et vi ! Il y a surtout des différences de compétences

Alors que le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen affirmait dimanche qu'«il reste encore beaucoup à faire contre la grippe A (H1N1)», le professeur Bernard Debré, député UMP de Paris, jugeait inutile de maintenir l'alerte contre une maladie qu'il qualifie de «grippette». la ministre de la santé répond aux questions du Figaro.

La grippe A (H1N1) n'est-elle qu'une inoffensive «grippette», comme l'affirme le professeur Bernard Debré ?

Roselyne Bachelot : Bernard Debré est un excellent urologue. Pour ma part, j'aborde cette pandémie avec le plus grand sérieux. Je ne me base pas sur l'avis de politiciens et je ne cherche pas à faire des coups médiatiques. Depuis le début, je consulte les meilleurs médecins virologues, infectiologues et épidémiologistes français et européens. Or, si j'en juge par leurs déclarations dans la presse, ces spécialistes considèrent que la réponse du gouvernement face à cette crise sanitaire est juste et proportionnée.

Ce virus est-il ou non dangereux ?
Nous ne sommes pas des devins ! Je suis très perplexe quand je vois des gens afficher des certi tudes sur une problématique de cette nature. La vérité, c'est que nous sommes confrontés à un virus, certes peu sévère pour l'instant, mais doté d'une très forte capacité de contamination liée, en particulier, au fait qu'il touche des populations qui ne l'ont jamais rencontré. Face à cette caractéristique majeure, la vigilance est de règle. Pour le moment, le taux de mortalité du virus H1N1 est égal, voire un peu plus élevé que celui de la grippe saisonnière, qui tue chaque année 2 500 personnes en France sur un total de 2,5 millions de cas. Soit environ un pour mille. Certains experts envisagent jusqu'à 20 millions de malades, ce qui nous mettrait face à un véritable problème de santé publique, même si le virus restait peu virulent. Par ailleurs, le fait que le virus circule très vite augmente le risque qu'il mute vers une forme plus dangereuse. On peut craindre également une surmortalité chez les sujets les plus fragiles. Comme la propagation du virus va vraisemblablement s'accélérer à l'automne, une période qui lui est plus favorable, il est normal que le gouvernement prenne des mesures pour faire face, dans tous les cas.

Était-il indispensable de commander 94 millions de doses de vaccins ?
Je suis très surprise d'entendre certaines réflexions. Ceux qui critiquent cette mesure ignorent tout de la réalité. La capacité industrielle des laboratoires étant limitée, il est clair qu'ils serviront en premier les pays qui auront passé commande auprès d'eux suffisamment tôt. Ce n'est pas au moment où la pandémie se déclarera, si elle se déclare, qu'il faudra se tourner vers eux. Je ne veux pas me retrouver cet automne avec des vaccins livrables dans un délai de six mois !

Quand le vaccin sera-t-il disponible ?
Les trois fabricants GlaxoSmithKline, Novartis et Sanofi Pasteur nous promettent une livraison échelonnée d'octobre à décembre. Mais la marge d'incertitude est importante. Elle dépend de la productivité des souches de virus utilisées pour produire le vaccin.

Tout le monde sera-t-il vacciné ?
Dans l'état actuel des choses, la vaccination n'est pas obligatoire. Mais si l'épidémie devait s'aggraver, nous pourrions reconsidérer la situation. Comme nous estimons qu'environ 25 % des gens refuseront de se faire vacciner, nous avons passé commande de 94 millions de doses, sachant qu'il en faudra deux par personnes.

Comment expliquez-vous que la France semble épargnée, comparée au Royaume-Uni et à l'Espagne ?
L'une des explications peut être la stratégie de confinement, que nous avons adoptée dès le début de l'épidémie, qui a consisté à hospitaliser systématiquement les malades et à surveiller les voyageurs en provenance de pays à risque et présentant des symptômes.

Nous avons également fait une grosse campagne d'informations (affichage, spots télévisés, site Internet) sur les mesures barrières à respecter : se laver les mains, éviter d'éternuer à la face des gens, etc. Cet été, nous renforçons cette communication dans les lieux de grand passage comme les autoroutes. Pour le moment, cette politique a porté ses fruits.

Craignez-vous, dans les semaines qui viennent, la multiplication des polémiques à propos de votre action ?
Quand on gère des crises sanitaires ou écologiques, il y a toujours des gens qui trouvent que vous en faites trop, comme M. Debré, et d'autres qui, à l'inverse, vous accusent de ne pas en faire assez, comme M. Jean-Marie Le Guen. Le tout dans la même journée ! Cela fait partie du casting.