mercredi 22 juillet 2009

Les médecins libéraux en première ligne face à la grippe A (H1N1)

Les personnes qui craignent d'avoir la grippe dite « porcine » ne doivent plus appeler le 15, mais leur médecin traitant.

A partir de demain (jeudi 23 juillet), ce sont les généralistes qui prennent le relais du Samu et des hôpitaux pour la prise en charge des patients touchés par le virus H1N1.

C'est désormais aux médecins libéraux d'évaluer leur état clinique et de décider si la prescription d'un médicament antiviral comme le Tamiflu ou d'un masque de protection est nécessaire. « Seuls les patients présentant des formes graves et les enfants de moins de 1 an seront pris en charge en milieu hospitalier », explique-t-on au ministère de la Santé.


Eviter la surcharge des hôpitaux

Il s'agit de faire face à deux évolutions de l'épidémie. D'une part, face à la progression extrêmement rapide de la maladie - plus de 450 cas en France, plus de 120 000 dans le monde -, le système hospitalier risque d'être surchargé. D'autre part, l'épidémie est relativement bénigne pour le moment : seuls quelques cas graves ont été détectés dans l'Hexagone, où l'on ne déplore aucun décès. Les médecins de ville sont donc les mieux placés.

Une campagne de vaccination qui exclurait les médecins de première ligne !

Pour la campagne de vaccination qui devrait être lancée cet automne, la stratégie n'est pas encore annoncée officiellement. Cela fait naître un début de polémique entre le gouvernement et les médecins de ville, qui craignent d'être court-circuités. « Il est question de vacciner dans les dispensaires, et de mobiliser la médecine scolaire ou la médecine du travail pour administrer les vaccins. Ce n'est absolument pas réaliste. Si l'on veut vacciner plus de la moitié de la population, seul le réseau des 50 000 médecins généralistes est capable d'organiser une campagne sur cette échelle. » Si la moitié de la population devait être vaccinée, cela représenterait « 10 à 15 actes de plus par jour et par médecin », calcule Martial Olivier-Koehret. Si le gouvernement hésite, c'est que les vaccins ne devraient pas être disponibles en doses individuelles, pour des questions de délais de fabrication, ce qui risque de compliquer la procédure.

Autre étonnement les généralistes pourront prescrire le Tamiflu sauf les formes pédiatriques !

L'on sait que la pandémie au virus A (H1N1) est particulièrement hyperfréquente chez les bébés, les enfants et les adolescents. Et surtout particulièrement dangereuse dans cette tranche d'âge. Aller expliquer à un nourrisson comment se laver les mains ou la façon de porter un masque, c'est la seule possibilité qui est confiée aux généralistes ... Des médecins dits de premiers recours qui risquent de ne pas accepter le rôle de fantassin si leurs moyens restent limités. Ces mêmes généralistes, que l'on met en première ligne, ne pourront prescrire - même s'ils l'estiment nécessaire - des tests de dépistage, comme leurs confrères suisses, canadiens, anglais, etc.

Une surcharge de travail, constatée dès maintenant, qui sera impossible à gérer à la rentrée

Un médecin généraliste interrogé par le journal Le Parisien explique que, comme ses confrères, il craint «un effet panique» pouvant aller jusqu'à « des bagarres dans les salles d’attente ». Les médecins souhaitent que le ministère de la Santé améliore la communication sur le virus, afin de ne pas se trouver débordés par les demandes. Ils réclament ses messages clairs, des conseils précis, mais surtout un centre d'appel pour répondre aux questions de la population. Depuis l'annonce de cette nouvelle stratégie l'auteur de ce blog a constaté la nécessité d'une information importante avec des consultations qui s'allongent chacune de cinq minutes en moyenne face à cette inquiétude. Déjà difficile à gérer, qu'en sera t-il à la rentrée dans ces conditions ?