Tels sont bien les points névralgiques qu'il convient de surveiller et de consolider pour empêcher que l'économie ne se bloque brutalement. La Banque mondiale, qui a fait une étude sur «l'impact économique potentiel d'une vague de A (H1N1)», note qu'au Mexique le trafic aérien et l'occupation des hôtels ont chuté de 80 %. Tout dépend de la gravité de l'infection, mais le coût économique peut aller de 0,7 % à 4,8 % du PIB (produit intérieur brut du pays), selon l'étude. Le bas de la fourchette correspond à l'épidémie «de grippe de Hongkong» de 1968 (entre 750 000 et un million de morts). L'estimation haute se réfère à la grippe espagnole de 1918-1919, dont les experts restent encore partagés pour dénombrer le nombre de décès (de 30 millions, selon l'Institut Pasteur, à 60 millions).
lundi 20 juillet 2009
Les conséquences économiques de la grippe A
Une épidémie de l'ampleur de la grippe espagnole de 1918-1919 amputerait de 4 % à 8 % le PIB des pays touchés.
Un malheur n'arrive jamais seul. L'armistice du 11 novembre 1918 n'était pas encore signé que l'épidémie de la grippe espagnole se mettait en branle. Elle allait toucher le quart de la population mondiale - 1,8 milliard d'humains à l'époque - et faire 30 millions de morts en 1919. Trois fois plus que la guerre de 14-18 elle-même ! Alors que la crise économique mondiale, la pire depuis trois quarts de siècle, est loin d'être terminée, la recrudescence du virus A (H1N1) qu'on nous promet à la rentrée ne risque-t-elle pas de replonger sous l'eau la tête du malade ?
Aucun gouvernement n'a pour le moment donné le moindre chiffre sur les conséquences possibles d'une épidémie. Bercy n'en a pas moins pris les choses en main en installant dès le 5 mai une «cellule de continuité économique». Elle s'est déjà réunie cinq fois. Regroupant l'ensemble des directeurs d'administration des ministères de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi, cette cellule de crise a pour priorité de dresser «la situation dans les domaines des activités bancaires et financières, de la distribution, des communications électroniques, des postes et messagerie, des recettes et dépenses de l'État».
Tels sont bien les points névralgiques qu'il convient de surveiller et de consolider pour empêcher que l'économie ne se bloque brutalement. La Banque mondiale, qui a fait une étude sur «l'impact économique potentiel d'une vague de A (H1N1)», note qu'au Mexique le trafic aérien et l'occupation des hôtels ont chuté de 80 %. Tout dépend de la gravité de l'infection, mais le coût économique peut aller de 0,7 % à 4,8 % du PIB (produit intérieur brut du pays), selon l'étude. Le bas de la fourchette correspond à l'épidémie «de grippe de Hongkong» de 1968 (entre 750 000 et un million de morts). L'estimation haute se réfère à la grippe espagnole de 1918-1919, dont les experts restent encore partagés pour dénombrer le nombre de décès (de 30 millions, selon l'Institut Pasteur, à 60 millions).
Éviter la panique
La Banque mondiale est en tout cas formelle sur l'enjeu matériel proprement dit : «Dans le cas d'une grippe sérieuse, 70 % des coûts économiques d'ensemble résulteraient de l'absentéisme et des efforts individuels pour éviter l'infection.» D'où l'importance des actions préventives et des consignes visant à éviter les comportements de panique ou de surréaction de la population. Selon l'économiste d'une grande compagnie d'assurance française, la facture d'une épidémie comparable à celle de 1918-1919 représenterait aujourd'hui «de 4 % à 8 % du PIB, l'essentiel de ce coût étant lié à la mortalité et à la morbidité, elle-même facteur d'absentéisme. Ces évaluations constituent une moyenne pour l'ensemble des pays. On ne saurait par ailleurs sous-estimer la qualité des politiques de santé publique et la concentration des populations, ce qui place l'Europe dans une situation plus favorable que l'Asie». Autre évaluation concordante, celle du centre d'études britannique Oxford Economics. Prenant pour hypothèse que l'infection frapperait 30 % de la population entière, avec un taux de mortalité de 0,4 %, le PIB mondial chuterait de 3,5 %, soit une perte de 2 500 milliards de dollars. Un choc deux fois et demi plus sévère que la récession attendue en 2009 par le FMI.