jeudi 16 juillet 2009

La pandémie de grippe A est largement sous-estimée

Selon une étude parue dans une revue médicale britannique, le nombre de cas et la mortalité de la grippe A seraient bien supérieurs aux statistiques officielles.

Un conseiller ministériel français en a fait récemment l'expérience : deux semaines à 40°C de fièvre, toux rauque, tremblements, et impossible de savoir s'il était porteur, ou non, du virus H1N1. "J'ai suivi les conseils de l'Institut de veille sanitaire (InVS), j'ai appelé le 15 ! Un médecin du Samu m'a demandé par téléphone si j'avais été en contact avec un citoyen américain ou britannique. J'ai répondu qu'a priori non... Il en a conclu que je n'avais pas la grippe A." Un peu court pour un diagnostic, s'inquiète le malade en rémission. Trop flou pour établir une photographie crédible de l'avancée de la pandémie, dénoncent les experts en virologie.

L'étude publiée mercredi 15 juillet par le très sérieux British Medical Journal n'a rien pour rassurer : les chiffres officiels concernant le nombre de cas et la mortalité du virus de la grippe A dans le monde ne sont pas fiables, pointent les épidémiologistes de l'Imperial College de Londres. Et pour cause, beaucoup de malades infectés ne sont pas recensés comme tel.

La propagation du virus serait dès lors bien supérieure aux allégations, multipliant d'autant les risques de voir s'étendre la pandémie, faute de précautions suffisantes. Plus grave encore, soulignent les auteurs, l'absence de données fiables peut aussi retarder la prise en compte d'une mutation du virus. Or, à quelques semaines de la fin de l'été et des premiers rhumes automnaux, le décalage expose à de lourdes répercussions : croisé à la grippe saisonnière, le virus H1N1 à toutes les chances de gagner en virulence et en dangerosité.

Mardi 14 juillet, l'Australie annonçait compter plus de 10 000 malades de la grippe porcine, précisant que "le nombre de cas réels pourrait être plus élevé". Le Japon recensait le même jour 3 000 personnes infectées sur son territoire, dont plus de 1 000 au cours de la dernière semaine. L'Allemagne envisage désormais de vacciner le tiers de sa population, l'Italie, officiellement épargnée jusqu'alors, prévoit d'enregistrer entre 3 et 4 millions de cas d'infection au cours de l'hiver prochain.

Au Royaume-Uni, la tension monte aussi. Un médecin sans antécédents particuliers est mort la semaine dernière après avoir contracté le virus de la grippe A. Près de 10 000 contaminations ont été confirmées à ce jour en Angleterre, mais le nombre de cas réels pourrait se chiffrer en centaines de milliers, estiment les spécialistes. Signe de l'impuissance générale : face à l'explosion de l'épidémie, les autorités britanniques ont renoncé à confirmer systématiquement la présence du virus H1N1.