mercredi 1 juillet 2009

Grippe A : 40 pays ont rendez-vous à Cancun les 2 et 3 juillet

Premier à décréter l'urgence sanitaire en raison de la grippe A (H1N1), le Mexique accueille, jeudi 2 et vendredi 3 juillet dans la station balnéaire de Cancun, une conférence destinée à faire le point sur la progression de la pandémie et à débattre de la stratégie à adopter si le virus devient plus agressif à l'automne dans l'hémisphère Nord. Les Etats-Unis et le Canada sont co-organisateurs de ce sommet auquel doivent participer plus de quarante pays ainsi que la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, et celle de l'Organisation panaméricaine de la santé, Mirta Roses.

"Nous observons de près la situation dans l'hémisphère Sud, notamment au Chili, en Argentine et en Australie, qui sont entrés dans leur saison hivernale, car cela va nous apprendre beaucoup sur le comportement de ce virus, en prévision d'une deuxième vague d'épidémie", nous a déclaré le secrétaire mexicain de la santé, José Angel Cordova. Selon lui, le Mexique a réussi à contrôler la première vague, même si l'on a vu apparaître récemment un foyer important dans l'Etat du Yucatan - le plus touché désormais pour le nombre de cas après la capitale. Les autorités attribuent cette soudaine flambée à la levée des mesures de filtrage en milieu scolaire. Le 29 juin, le bilan établi par le secrétariat mexicain à la santé était de 9 028 cas confirmés (contre 5 717 le 4 juin) dans les 32 Etats de la fédération, et 119 décès, dont le dernier a été enregistré le 31 mai. La grande majorité des Mexicains morts de cette maladie avaient été infectés avant le déclenchement de l'alerte, le 23 avril. Les autorités mènent une étude à partir de prélèvements sanguins pour détecter si une partie de la population a développé des anticorps contre le virus, car beaucoup de gens auraient eu des contacts avec des malades, sans présenter pour autant de symptômes. Le Mexique a essuyé à l'improviste les plâtres d'une stratégie internationale qui avait été conçue pour la grippe aviaire avec un taux de mortalité de 60 %, et il en a payé le prix. En quelques jours, il a vu son activité touristique, troisième source de devises après le pétrole et les transferts des émigrés, s'effondrer brutalement : un manque à gagner de 2,5 milliards de dollars. Il a aussi dû rapatrier ses ressortissants, victimes de mesures souvent humiliantes, tels ces Mexicains mis en quarantaine par les autorités chinoises dans un hôtel délabré. Haïti a refusé de décharger un bateau qui apportait une aide alimentaire du Mexique, et Cuba a suspendu pendant deux semaines les liaisons aériennes.

Mal préparé à déceler une grippe "atypique", faute d'une centralisation rapide de l'information sanitaire, dépourvu alors de laboratoires spécialisés - il en existerait aujourd'hui une trentaine -, le Mexique a-t-il péché par excès de précaution en décrétant, fin avril, la fermeture des établissements scolaires et sites archéologiques sur son territoire, en paralysant restaurants, musées et salles de spectacle dans la capitale ? L'opposition a reproché au gouvernement conservateur du président Felipe Calderon d'avoir employé un remède pire que le mal, voire d'avoir "inventé" l'épidémie pour détourner l'attention des électeurs de la récession économique. La crise sanitaire a fait chuter le produit intérieur brut (PIB) de 0,4 point, et la recommandation de porter des masques de protection dans les lieux publics, dont les experts reconnaissent qu'elle était surtout destinée à "rassurer la population", a eu un effet dévastateur dans le reste du monde, en associant le Mexique à la maladie. "S'il fallait le refaire, nous prendrions les mêmes décisions", affirme pourtant M. Cordova, qui souligne que le coût de la transparence et de la coopération internationale a été pour le Mexique, en pourcentage de PIB, "cinq fois moindre que pour la Chine" quand celle-ci avait tenté, en 2002, de cacher à l'OMS l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).