samedi 3 octobre 2009

Aux Etats-Unis la pandémie de grippe H1N1 s'intensifie

Les autorités sanitaires américaines, qui signalent une intensification de la pandémie de grippe H1N1 dans le pays, fondent leurs espoirs sur le lancement ce mardi 6 octobre d'une campagne de vaccination massive pour endiguer l'infection.

"Nous constatons une étendue substantielle de la grippe H1N1 dans pratiquement tout le pays", a expliqué le Dr Anne Schuchat, responsable de l'immunisation aux Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), lors d'un point de presse jeudi soir. "La plupart des Etats (américains) comptent un grand nombre de cas de grippe H1N1 actuellement, ce qui est inhabituel pour cette période de l'année", a-t-elle ajouté. Le Dr Schuchat a aussi fait part de sa "préoccupation" quant au risque plus important que représente l'infection des femmes enceintes par le virus. Leur taux de mortalité est en effet six fois plus élevé que pour le reste de la population. Parmi les femmes touchées, 100 ont été traitées aux soins intensifs, et 28 sont décédées entre l'apparition du virus H1N1 aux Etats-Unis en avril et fin août, a-t-elle précisé. Au total, les dernières statistiques des CDC indiquent que la grippe H1N1 a entraîné l'hospitalisation de 10 082 Américains et provoqué 936 décès, dont 36 enfants. Une analyse de prélèvements post-mortem de 77 personnes décédées des suites de cette grippe a montré qu'elles ont succombé pour la plupart à une infection secondaire; dont un tiers d'une pneumonie contre laquelle il existe un vaccin.

Le Dr Schuchat a réitéré l'importance de se faire vacciner pour les femmes enceintes et les autres groupes particulièrement vulnérables que sont les enfants et les jeunes adultes jusqu'à 24 ans, ainsi que tous ceux qui souffrent de certains problèmes médicaux chroniques. Les autorités sanitaires américaines ont annoncé jeudi le coup d'envoi d'une vaste campagne de vaccination destinée à protéger des millions d'Américains avec la distribution à compter de mardi des 600 000 premières doses du vaccin anti-H1N1, deux semaines avant la date prévue. Les Etats-Unis prévoient de disposer rapidement de six à sept millions de doses. Au total, 250 millions de doses devraient être disponibles d'ici la fin de l'année. Tous les essais cliniques menés sur cinq différents vaccins ont montré qu'une seule dose de 15 microgrammes est suffisante pour déclencher une réponse immunitaire efficace. "Nous passons de la phase de planification à la phase de mise en œuvre", a expliqué le Dr Schuchat ajoutant qu'il s'agissait toutefois "d'un début". Les professionnels de la santé ont accueilli avec soulagement ce gain de deux semaines, car ils craignaient que le vaccin n'arrive trop tard pour protéger les millions de personnes à risque comme les cardiaques, les obèses et les asthmatiques. Les premiers vaccins se présenteront sous la forme d'un spray nasal qui devrait être efficace sous huit jours.

Mais malgré l'arrivée plus précoce des vaccins, une quinzaine d'Etats, dont les plus peuplés comme la Californie, pourraient se retrouver à cours de lits d'hôpitaux si 35 % de la population était infectée durant les prochaines semaines, selon un modèle informatique des CDC. Ce taux d'infection est basé sur la pandémie de grippe de 1968 considérée comme modérée. En outre, le modèle table sur une période d'infection maximum de huit semaines. Selon un récent rapport du bureau des conseillers scientifiques de la Maison Blanche, qui partait de l'hypothèse d'un taux d'infection de 30 %, jusqu'à 1,8 million d'Américains pourraient avoir besoin d'une hospitalisation et quelque 30 000 risquent de décéder. Ce chiffre reste inférieur aux 36 000 Américains qui meurent annuellement de la grippe saisonnière qui débute en octobre.