vendredi 30 octobre 2009

Au Canada les urgences pédiatriques sont débordées et la pénurie de vaccin pourrait faire reconsidérer la stratégie vaccinale contre la grippe A

Pour le moment, la santé publique n'envisage pas de devancer la campagne de vaccination massive, ni de changer l'ordre de priorité établi pour les groupes vulnérables. «La limite est le nombre de vaccins disponibles», souligne le directeur de la santé publique de Montréal, le Dr Richard Lessard.

Ce n'est pas avant le début de novembre que la région sera en mesure de recevoir les quantités maximales dont elle a besoin chaque semaine pour vacciner la population, soit 200 000 doses. «On ne veut pas le modifier maintenant (l'ordre de priorité), mais si la situation se détériorait, c'est évident qu'on pourrait reconsidérer nos priorités et on travaille déjà sur des scénarios alternatifs», ajoute le Dr Lessard.

À Montréal, la campagne de vaccination massive débutera le 6 novembre. Ailleurs, notamment en Montérégie, cette campagne débute dès lundi prochain. Cette semaine, la vaccination est plutôt destinée aux grands malades hospitalisés et aux travailleurs de la santé. Mais certains centres de vaccination ont été pris d'assaut hier. C'était le cas à Longueuil, où un centre a même manqué de doses parce que trop de personnes s'étaient présentées sur l'heure du midi. A Montréal, les choses rentrent dans l'ordre graduellement. L'Agence de santé et des services sociaux de Montréal se défend d'ailleurs d'avoir pris du retard dans la distribution des doses de vaccin. «On démarre un exercice de grande envergure. (...) C'est normal qu'il y ait des ajustements en cours de route», affirme le président et directeur général de l'Agence, David Levine. Hier matin, 56 des 120 sites identifiés pour la vaccination des travailleurs de la santé avaient reçu leurs doses de vaccin. Le CHUM et le CUSM ont ainsi pu commencer la vaccination des patients les plus malades hospitalisés sur les étages ainsi que du personnel et des médecins travaillant aux urgences et aux soins intensifs.

D'ici le 6 novembre, 110 000 personnes devraient ainsi avoir été vaccinées dans l'île de Montréal, ajoute M. Levine. «La raison pour laquelle l'ensemble des doses n'est pas distribuée, c'est pour des raisons de protection du vaccin lui-même», complète le directeur de la santé publique de Montréal, le Dr Richard Lessard. Le vaccin est notamment sensible à la lumière et doit être entreposé dans un endroit à température déterminée, si bien que l'Agence ne distribue que les quantités nécessaires à la fois. Les délais dans le début de la vaccination à Montréal ont eu des échos jusqu'à l'Assemblée nationale hier. Questionné par l'opposition qui déplore les ratés et la confusion qui existe, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a reconnu avoir fait part de ses «inquiétudes» à l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal à ce sujet. «Pour rassurer la population, il y a quelques endroits où il y a eu des difficultés qu'on corrige très rapidement. Mais, pour l'ensemble du Québec, la vaccination est très bien entreprise», a souligné le ministre. À ce jour, Québec a investi 200 millions pour la lutte contre la grippe A (H1N1).