dimanche 25 octobre 2009

Débuts frileux pour la campagne de vaccination contre la grippe A en France

Les vaccins sont d'ores et déjà arrivés à la pharmacie de l'hôpital qui est donc armé pour vacciner les rares candidats. (Photo : Sylvia Catarino).

La vaccination doit commencer lundi dans le milieu hospitalier. Mais les inscrits ne se bousculent pas, loin de là. Ils sont 120 à Chartres... sur plus de 2 000 employés, à peine plus à Dreux. Ils sont les premiers désignés pour la campagne de vaccination de la grippe A, car évidemment fortement exposés : Ce sont les personnels hospitaliers. Pourtant, à quelques jours du début des vaccinations, lundi à Chartres comme à Dreux, ils ne se bousculent pas aux portes pour s'inscrire, loin de là.

Et le lancement très médiatisé de la vaccination par le ministre Roselyne Bachelot, mardi, à l'hôpital Necker, n'a semble-t-il guère eu d'effet sur le personnel hospitalier d'Eure-et-Loir. Les hôpitaux de Chartres avouent... 120 candidats sur 2 234 agents, celui de Dreux, guère plus. « La pandémie annoncée n'a pas vraiment eu lieu, constate le Dr Edgar Souchet, directeur des soins aux hôpitaux de Chartres. Nous n'avons pas constaté ni d'afflux de patients, ni d'absentéisme parmi le personnel. Cela ne pousse pas à se faire vacciner, et les débats liés à la mise en circulation rapide du vaccin ont sans doute eu eux aussi leur rôle. » « C'est une réticence classique, souligne quant à elle le Dr Véronique Julié, médecin au Samu de Dreux et référente pour le vaccin contre la grippe A à l'hôpital de Dreux. « Les gens ne connaissent pas. On a dit tout et son contraire sur ce vaccin. Et puis, on ne veut pas être le premier... Mais on est vraiment dans l'irrationnel. Car curieusement, il y a une demande massive - plus de 500 inscrits - de vaccin pour la grippe saisonnière. Un tiers de plus que d'habitude... On sait pourtant que le vaccin contre la grippe saisonnière n'a aucun effet pour la grippe A... »

L'absentéisme, un fort enjeu
À Chartres comme à Dreux, la médecine du travail chargée des vaccins ne devrait pas être débordée lundi. Du fait du petit nombre de candidats. Mais aussi du fait de cet engouement pour la vaccination contre la grippe saisonnière, qui vient seulement de s'achever. Or, il faut un délai de trois semaines minimum entre les deux vaccins... Reste bien sûr que ceux qui hésitent pourront toujours se faire vacciner plus tard. « On va relancer une incitation à la vaccination », constate le Dr Edgar Souchet qui sait bien que l'enjeu est de taille pour l'organisation du personnel, et donc d'accueil des patients, en cas de fort absentéisme. Les services publics et a fortiori les hôpitaux ont tous mis sur pied un plan de continuité du service pour se préparer au pire. Un plan de secours droit tiré de l'expérience de la grippe aviaire. « Nous avons fait des simulations jusqu'à 40 % d'absents, explique de son côté le Dr Julié, On tiendra, mais ce serait vraiment très préoccupant », souligne-t-elle, peu optimiste quant à la réserve sanitaire : « Je ne suis pas certaine qu'il y ait beaucoup d'inscrits ! On a travaillé sur nos propres ressources, en faisant appel au personnel que nous connaissons. Mais pour le moment, les médecins retraités qui nous ont signalé qu'ils seraient disponibles en cas de besoin se comptent sur les doigts de la main, et les infirmières ne sont pas plus de vingt... » Voilà qui de fait serait bien peu en cas de vague d'absentéisme.