jeudi 8 octobre 2009

L'épidémie de grippe A marque le pas en France

Le phénomène pourrait s'expliquer par la météo clémente, l'efficacité des mesures de prévention ou l'évolution du virus. Les températures clémentes dont ont bénéficié les Français ces dernières semaines feraient-elles fuir le virus pandémique A (H1N1) ? La grippe n'a en tout cas pas flambé sur le territoire cette semaine. Comme précédemment, l'épidémie reste stable, d'après le bulletin publié mercredi soir par l'Institut national de veille sanitaire (InVS). Pour cette agence, qui recueille les données des différents réseaux de surveillance, l'activité est même en baisse depuis quinze jours du côté des services hospitaliers et des consultations de SOS médecins.

Pour l'Institut de veille sanitaire, trois facteurs pourraient expliquer l'évolution actuelle : l'efficacité des mesures de santé publique, une mutation du virus, ou la météo défavorable à l'épanouissement des virus grippaux. «La semaine dernière a été chaude», confirme François Larrieu, de Météo France.

Sur l'ensemble du territoire métropolitain, les températures moyennes ont dépassé de 2 °C les normales saisonnières. Le phénomène est encore plus marqué pour les températures maximales qui dépassent les normales de 4 °C. Le mois dernier dans son ensemble a été lui aussi globalement chaud. C'est le 5e mois de septembre le plus chaud depuis 1950. La vague épidémique va-t-elle s'intensifier quand la fraîcheur automnale va s'installer, ou la menace s'éloigne-t-elle ? Face à une accalmie depuis seulement quinze jours, les spécialistes de la grippe se refusent à jouer les devins. «Le maître mot dans la grippe, c'est l'imprévisibilité» martèle le Pr Paul Leophonte, pneumologue, à Toulouse.

Mais si les indicateurs épidémiologiques se stabilisent, ils ne sont pas tous au même niveau, ce qui était déjà le cas lors du bulletin précédent. Selon les estimations du réseau des médecins généralistes Sentinelles de l'Inserm, 126 000 Français ont consulté pour une grippe dans la semaine du 28 septembre au 4 octobre. L'incidence de l'infection (nombre de nouveaux cas) est évaluée à 217 cas pour 100 000 habitants, un taux largement supérieur au seuil épidémique fixé à 102 cas pour 100 000 habitants. Pour la même période, l'autre réseau de surveillance, le Grog (groupes régionaux d'observation de la grippe), avance un nombre de cas beaucoup plus modeste : 39 800. «Depuis deux mois, nos estimations varient de 20 000 à 40 000 cas par semaine», précise le Dr Jean-Marie Cohen, coordinateur national des Grog. La semaine dernière, les médecins généralistes et pédiatres de ce réseau ont vu en consultation plus de 1 110 000 patients souffrant d'infections respiratoires aiguës. Mais parmi les 371 chez qui un prélèvement a été réalisé, le virus A (H1N1) n'a été retrouvé que dans une minorité de cas : 13, soit 3 %. «L'immense majorité des gens qui se pensent grippés n'ont pas la grippe, traduit Jean-Marie Cohen. En fait, 38 % ont une infection à rhinovirus, et presque autant ont contracté un entérovirus». Et le virus A (H1N1) 2009 représente la quasi-totalité des virus grippaux circulants, indique l'InVS. La stabilisation du nombre de cas se traduit aussi au niveau des hôpitaux. Les consultations dans les services d'urgence et les admissions pour grippe sont même en baisse pour la deuxième semaine consécutive, selon le réseau Oscours, constitué de 199 services d'urgence. La semaine dernière, huit patients dont un cas grave ont été hospitalisés pour grippe A (H1N1) en métropole. Au total, depuis le début de la pandémie, 199 personnes ont été hospitalisées pour ce diagnostic dont 26 cas graves. 178 sont sorties guéries, 7 sont décédées et 15 sont toujours hospitalisées.