La grippe A H1N1 va-t-elle tous nous clouer au lit dès les premiers froids ? Selon Bruno Lina, directeur au CNRS pour le H1N1, on n'y échappera pas d'ici la fin de l'année. Pour l'heure, le virus, joue les courants d'air. Il est passé par ici. Il repassera par là. Coucou comme dans la chanson. En ce moment, la grippe AH1N1 ressemble plutôt à l'Arlésienne, avec un virus qui se manifeste de moins en moins, à cause de la douceur actuelle. En effet, selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), la part du virus A H1N1 dans les consultations de ville reste faible en ce début d'octobre. Et le réseau de médecins sentinelles de la grippe (Grog) de Midi-Pyrénées confirme l'accalmie. Cependant, en haut lieu, une armée de fonctionnaires continue de peaufiner le plan de vaccination collective qui était annoncé pour ces jours-ci.
Après la Toussaint
À la préfecture de la Haute-Garonne, comme ailleurs, la fièvre de la rentrée est retombée, mais la vigilance reste de mise. « Tout ce que l'on peut dire pour l'instant, c'est que les livraisons de vaccins ne commenceront pas avant novembre, et même mi-novembre », déclare Anne-Gaëlle Baudouin Clerc, et la directrice de cabinet auprès du préfet ajoute : « On vaccinera d'abord les soignants et les sujets à risque comme les femmes enceintes et les plus petits, toujours d'après le dispositif prévu. ». Les 94 millions de doses de vaccin, seront largement suffisants pour ces catégories-là. Le nombre de doses mises sur le marché par quatre laboratoires devrait également permettre de vacciner le reste de la population, qui se décidera individuellement.
« Les assurés sociaux recevront un bon de l'assurance maladie qui leur permettra dans un délai de dix jours de se faire vacciner dans un des centres indiqués », précise la préfecture, en rappelant que la vaccination n'est donc pas obligatoire mais recommandée et qu'elle est gratuite. Tout un chacun se demande par ailleurs si l'on peut cumuler le vaccin contre la grippe saisonnière et celui contre le virus A H1N1. La réponse est oui car les virus étant de deux souches différentes, les vaccins ne sont pas les mêmes. « Mais, s'il n'y a a priori aucune contre indication, les deux vaccins ne pourront pas être administrés en même temps », soulignent les autorités sanitaires.
« Médecins : Montrez l'exemple »
Alors que le Conseil de l'ordre incite tous les médecins à se faire vacciner pour les deux sortes de grippe, 46 % de médecins déclarent qu'ils n'y sont pas prêts et 28 % qu'ils ne l'envisagent pas.
Jean-Marc Huyghe, médecin généraliste à Castanet Tolosan déclare : « Ma position est celle d'un médecin, respectant son serment d'Hippocrate, et qui considère comme un devoir, pour les soignants, de se vacciner. Pour deux raisons principales : un, ne pas participer à la diffusion du virus, deux être en état de travailler auprès des malades grippés lors de la future épidémie, en n'étant pas soi-même cloué au lit. Les supposés risques de cette vaccination ne peuvent pas rentrer en ligne de compte face à notre devoir de soignants. Nous ne refusons pas de soigner des patients atteints de méningite ou de pneumonie par exemple, sous prétexte du risque couru ! Je tiens à exprimer ma position éthique à ce sujet, étant très choqué par la perte des valeurs collectives et le repliement sur l'individualisme. Les vaccinations protègent avant tout l'ensemble d'une population et pas seulement le sujet vacciné ».