vendredi 9 octobre 2009

Google surveille la grippe grâce à vos recherches

Un nouveau service de surveillance virtuelle de l'épidémie lancé en France repose sur les requêtes effectuées quotidiennement par les internautes. Des scientifiques jugent cet outil utile.
Les Picards et les Normands peuvent être sur leur garde. C'est chez eux que la grippe évolue le plus vite actuellement, selon un nouveau service de Google mis en ligne jeudi. Lancé depuis un an aux Etats-Unis, désormais disponible dans une quinzaine de pays, «Google suivi de la grippe» propose de traquer au quotidien l'épidémie dans les régions françaises. Pour cela, nul besoin des rapports officiels. Google analyse toutes les requêtes lancées dans le moteur de recherche qui concernent la grippe et en tire automatiquement une tendance. Car selon lui, plus les internautes sont malades, plus ils ont tendance à vouloir s'informer en ligne.

L'histoire récente lui donne raison. En moulinant des millions de requêtes, l'équipe de dix personnes en charge du projet au sein de la fondation Google.org a constaté une corrélation saisissante entre la fréquence des recherches sur internet et les statistiques données par les organismes de veilles nationaux, tels que le réseau Sentinelles en France. Ces bons résultats ont été constatés sur plusieurs années, non seulement avec la grippe, mais aussi avec la gastro-entérite et la varicelle. «Google suit très bien ce que l'on observe», reconnaît Thierry Blanchon, membre du réseau Sentinelles. Sur ce point, l'outil de Google a un réel avantage. Les informations présentées sont mises à jour au quotidien, alors qu'il faut environ une semaine aux méthodes de veille traditionnelles pour publier les informations émanant des médecins. Point faible du système, le modèle reste sensible aux influences médiatiques. Ce biais est plus marqué en temps de nouvelle menace pandémique, comme lors de la grippe aviaire en 2005, où les internautes mènaient des recherches sans être malades.

Correction de modèles
Tout le travail de Google réside dès lors à éliminer les mots-clés perturbateurs. Ces dernières semaines, Google a dû revoir son modèle pour que les données coïncident avec celles des organismes officiels aux Etats-Unis. Selon Corrie Conrad, chef de projet «Google suivi de la grippe» reste donc «un outil complémentaire pour les autorités sanitaires». «Cela nous apporte une information quantitative, réactive, reflétant l'état de préoccupation», confirme le professeur Jean-Claude Desenclos, directeur scientifique à l'institut de veille sanitaire (InVS). D'après Google, cette «préoccupation» serait en France à un niveau «modéré». Elle est actuellement au stade «élevé» aux Etats-Unis.