jeudi 15 octobre 2009

Grippe A : Des écoliers lyonnais font avancer la recherche

Une expérience menée dans une école a permis de compter les contacts quotidiens entre enfants. Elle aidera à mieux comprendre la diffusion des virus, dont le H1N1. La grippe A, c'est aussi l'occasion pour les chercheurs de tester de nouveaux terrains de jeux…

À Lyon, un virologue, un épidémiologiste et un physicien ont ainsi investi, pendant deux jours, une école primaire privée pour évaluer le nombre de contacts que pouvaient avoir entre eux des enfants, population particulièrement exposée à la grippe. L'objectif était « de mieux comprendre la diffusion du virus de la grippe mais cet outil pourra s'appliquer à d'autres maladies infectieuses », explique Bruno Lina, directeur du laboratoire de virologie des Hospices civils de Lyon et chercheur CNRS, Université Lyon 1. Jusqu'à présent, les chercheurs utilisaient des modèles mathématiques pour évaluer la diffusion des virus. Désormais, ils disposeront d'un recueil d'informations pratiques. « Très fiers » de participer à l'avancée de la science, 240 bambins, âgés de 6 à 10 ans, ont ainsi été badgés pendant une durée quotidienne de 8 h 30 avec une carte émettant un signal wi-fi, les 1er et 2 octobre derniers. À chaque fois que deux enfants se rencontraient à moins d'un mètre cinquante, un « contact » était établi. Le résultat est impressionnant : En deux jours, les écoliers ont eu 100 000 contacts entre eux ! Pour la plupart très brefs : 40 secondes en moyenne à la cantine et 32 dans la cour de récré. « Il y a des résultats surprenants qui n'ont rien à voir avec les réseaux mathématiques », s'amuse Jean-François Pinton, directeur du laboratoire de physique de l'École normale supérieure de Lyon (CNRS). Les chercheurs ont ainsi découvert que les « grands » étaient aussi remuants que les petits, que certains avaient déjà à cet âge-là, un réseau de contacts digne des meilleurs Facebookeurs et que la majorité des contacts ne se faisaient pas entre enfants du même sexe mais entre garçons et filles. Alors, ça drague dur à la récré ? « C'est vrai que c'est aussi une étude comportementale potentielle, mais nous nous sommes engagés à ne rester que sur le plan infectieux », précise Bruno Lina.

À partir de ce modèle vivant, des projections vont maintenant être établies en faisant « varier les valeurs », explique Philippe Vanhems, directeur du service d'hygiène et d'épidémiologie des HCL et chercheur (CNRS, Lyon 1). Ce dernier a déjà mené une expérience similaire sur 400 congressistes à Nice. En variant le nombre de personnes porteuses du virus, celles vaccinées, la saison ou encore le temps de contact, les chercheurs devraient mieux comprendre la dynamique de propagation du virus H1N1.