mardi 13 octobre 2009
L'épidémie de grippe A reste " imprévisible " selon l'Académie de médecine
Ce matin, les sages de l'Académie nationale de médecine se réunissaient pour débattre sur la grippe H1N1 avec des experts en virologie et en épidémiologie. Evolution de l'épidémie, dangerosité du virus, stratégies de vaccination.
"Toutes les pandémies du passé ont suivi des modèles d'évolution différents, c'est pour cela que la grippe A reste imprévisible" s'accordent à penser Paul Léophonte, expert en maladies infectieuses respiratoires, et Bruno Lina, virologue et directeur du Centre de référence contre la grippe. Pour le moment, la France ne connaît pas de pic épidémique, mais il est probable que l'épidémie arrive par vagues successives de gravité croissante. Concernant la dangerosité du virus, les académiciens observent que sa virulence est modérée. "Néanmoins, on observe plus de formes graves, qui touchent des sujets jeunes et en bonne santé" note Paul Léophonte. Le taux de reproduction, c'est-à-dire le nombre de personnes auxquelles un sujet infecté transmet le virus, est quant à lui habituel pour une grippe. "Ce taux est de 2 personnes pour la grippe A, en comparaison, un enfant qui a la rougeole la transmet en moyenne à 20 personnes " souligne Antoine Flahaut, épidémiologiste et directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique. De même, si au Sud on a observé un remplacement quasi-total des souches saisonnières par la souche pandémique, seuls 5 % des virus respiratoires sont dus au virus H1N1 en France. "Le démarrage de l'épidémie est donc timide en Europe" constate Antoine Flahaut. Mais selon Paul Léophonte, "l'arrivée de la saison de froide va donner un coup de fouet au virus".
Bruno Lina, fervent défenseur de la vaccination, a tenu à rappeler que "le vaccin est très efficace et peut aider à réduire le nombre de décès et protéger les plus fragiles". L'Académie nationale de médecine a d'ailleurs voté à la majorité une proposition pour marquer son accord avec le schéma de vaccination du Ministère de la Santé. Enfin, pour conclure la séance, Didier Houssin, directeur général de la santé, a indiqué que "les premières doses significatives de vaccin sont arrivées et tout va s'accélérer très vite". La campagne de vaccination pourrait donc commencer dès la fin du mois.