dimanche 12 juillet 2009
Grippe A : Arrêter un tsunami avec une épuisette !
La centralisation montre ses limites.
En France l'hospitalisation systématique des malades infectés n'est plus de mise. Cette stratégie a été très vite dépassée alors que le nombre de cas était finalement très faible. A Toulouse une petite vingtaine de patients a suffi pour créer des difficultés. Dans une pandémie ce sont des millions de cas qu'il faut traiter !
De même le numéro d'appel unique 15 ne pourra supporter la vitesse de réplication du virus. « Il est trop dangereux de dire que le 15 pourra tout gérer. Si le taux d'attaque de la pandémie est de 25-30 % en deux semaines, comme cela est annoncé, ce n'est même pas la peine d'y penser. Techniquement, ils ne peuvent pas. Il faudrait multiplier par cent la capacité des lignes, les médecins, le personnel d'accueil… C'est impossible. Là, c'est comme si on voulait arrêter un tsunami avec une épuisette. Nous avons proposé une régulation faite par les généralistes depuis leur domicile mais le Samu ne veut pas en entendre parler », explique le Dr Pascal Dureau, médecin en Rhône Alpes.
Quelle est la stratégie sanitaire aujourd'hui ?
Le plan prévoit notamment de créer des centres de consultations et d'hébergement dédiés pour recevoir les malades. Les réunions continueront pendant tout l'été entre la Ddass et les différents professionnels de santé Coordonné par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass), le plan de lutte contre la pandémie grippale évolue en fonction de l'actualité internationale et nationale, tout en s'adaptant aux structures locales.
Depuis l'apparition des premiers cas français, en mai, la stratégie était d'hospitaliser systématiquement les malades et de rechercher toutes les personnes en contact avec un malade pour leur administrer un traitement prophylactique, le Tamiflu. Ce schéma a été abandonné le 22 juin. L'affaire des seize collégiens de Toulouse, contaminés mi-juin par le virus, a montré en effet les limites du « tout hospitalier », et les risques que cela pouvait entraîner sur la prise en charge d'autres patients. L'absence de décès en France et la très faible proportion de cas graves ont également montré que l'hospitalisation systématique n'était pas justifiée. Désormais, seuls les patients ayant des « facteurs de gravité » sont hospitalisés.
Comment les malades sont-ils pris en charge actuellement ?
Les patients présentant des symptômes grippaux doivent toujours appeler leur médecin traitant ou le 15 mais, aujourd'hui, plusieurs consultations spécialisées existent. On ne recherche plus les personnes ayant été en contact avec les malades et il n'y a plus de traitement préventif prescrit à l'entourage d'un patient, sauf s'il s'agit d'une personne fragile (immunodéprimée par exemple). De même, les prélèvements permettant de s'assurer qu'il s'agit bien du virus H1N1 ne sont plus systématiques sauf pour les malades revenant des pays touchés par la pandémie ou ceux présentant des facteurs aggravants.
Le maintien à domicile des malades sera privilégié avec des centres de consultations dédiés
En cas de pandémie, le principe sera de maintenir les malades à domicile sauf cas grave. « Un tiers de la population devrait être touché par la grippe ». Des lieux seront réservés aux consultations pour patients grippés. Ils seront organisés sur le modèle hospitalier avec un circuit dédié afin de « séparer » ces patients « à haute densité virale » des autres, explique la Ddass. Ces centres seront installés dans les maisons médicales de garde, les centres de santé, les bâtiments universitaires et certaines maisons du département. Les consultations seront assurées par des médecins libéraux avec un planning de roulement et une large amplitude horaire. Comme il est prévu des aides seront apportés par des étudiants en médecine, des médecins salariés, des médecins retraités.
Des structures d'hébergement intermédiaires
Des lieux seront réservés à l'accueil des malades qui ne pourront pas rester chez eux mais dont l'état n'est pas suffisamment grave pour justifier une hospitalisation. Des chambres d'hôtels pourront ainsi être réquisitionnées et, si les cours sont suspendus, les résidences universitaires, les internats des lycées publics ainsi que divers locaux seront également réquisitionnés.
La répartition des masques devra absolument être simplifiée
Au départ, le ministère de la Santé avait approvisionné les hôpitaux en masques pour les professionnels mais, cette organisation risquait de désorganiser inutilement ces structures. Les médecins installés depuis plus de deux ans ont reçu un kit minimum de départ. Celui-ci sera très vite épuisé. Les nouveaux installés ont expérimenté la complexité pour obtenir les précieux masques. Le nombre actuel de point de répartition est limité, ce qui ne facilite pas l'approvisionnement. A titre d'exemple l'Urmel du Nord et Pas-de-Calais vient d'adresser un document qui signale 3 points de répartition pour le Nord (à Cambrai, Lille et Petite-Synthe) et un seul pour le Pas-de-Calais (à Arras).