lundi 13 juillet 2009

Combien de cas réels de grippe A en France ?

D’après le ministère de la santé, le système de soin est prêt à faire face à une éventuelle pandémie de grippe. Sur le terrain, la réalité est plus nuancée.

D’après le ministère de la Santé, quelque 400 cas de grippe A ont été confirmés en France depuis le début de l’épidémie, fin avril. Mais le Haut Conseil de la santé publique estime que 50 % des Français sont susceptibles d’être touchés par le virus. En cas de suspicion de syndrome grippal (fièvre, courbatures, gêne respiratoire), la recommandation officielle est d’appeler le 15, numéro d’urgence médicale, qui est chargé d’orienter les malades selon la gravité des symptômes vers les centres hospitaliers.

Ce dispositif de prise en charge devrait être élargi dans les jours à venir aux médecins généralistes si le scénario de montée en puissance des cas se confirme. Concrètement, cela signifie que les malades ne seront plus systématiquement hospitalisés et que la prescription automatique d’antiviraux serait remplacée par une prescription au cas par cas.




Plusieurs milliers de cas ?

Sauf que l’apparente sérénité affichée par les autorités sanitaires tranche quelque peu avec la réalité vécue in situ sur le terrain. À commencer par le nombre réel de cas. Ainsi, le département des Alpes-Maritimes ne compte plus que les « cas graves ». « Quand Bachelot annonce 400 cas, on en oublie plusieurs milliers », relate un urgentiste du département. Par ailleurs, la ministre de la Santé a beau jeu de faire monter au front les médecins généralistes pour soi-disant éviter « l’engorgement des hôpitaux ». Force est de constater que le numéro d’urgence médicale, constamment sous tension en période normale, croule sous les appels. En effet, devant la multiplication des cas, les Français sont nombreux à appeler le 15.
Ci-contre la répartition des cas de grippe A selon les régions françaises selon le bilan établi ce jour à 11h et publié à 15h30 par l'InVS qui ne donne plus les statistiques mondiales actualisées. En France on a officiellement 464 cas. Cliquez sur le document pour l'agrandir.

Autre cafouillage, cette fois du côté des professionnels de la santé : qui fait quoi ? Si plusieurs syndicats de médecins libéraux se disent prêts à affronter l’épidémie à venir, beaucoup se sentent perdus faute d’instructions précises. « Le généraliste, s’il identifie un cas possible de grippe, que doit-il faire ? » s’interroge un médecin de ville. « Il est demandé aux établissements pivots de monter des "consultations grippes", alors que le noyau devrait être les généralistes et que les gens grippés non gravement devraient rester confinés chez eux », poursuit-il. Un autre se demande : « Comment le médecin peut-il prescrire un antiviral puisque les pharmacies classiques n’en ont plus ? » Un urgentiste témoigne : « Certains médecins généralistes envoient des cas probablement bénins à l’hôpital que nous renvoyons chez nous. En résumé, c’est le gros bordel. »