mardi 1 décembre 2009

"Ces mutations du virus H1N1 doivent être prises très au sérieux"

La mort de deux patients français porteurs d'une mutation du virus de la grippe A (H1N1), similaire à celle observée en Norvège, est une nouvelle "très inquiétante" pour le professeur Jean-Philippe Derenne. Cet ancien chef du service de pneumologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, co-auteur de l'ouvrage Pandémie : la grande menace, estime que les pandémies grippales sont "imprévisibles".

Faut-il s'alarmer de la récente mutation du virus H1N1 qui a provoqué la mort de deux patients français ?

Il y a eu deux mutations du virus H1N1, qui doivent être prises très au sérieux. La première a touché les parties du génome qui permettent au virus d'entrer dans les poumons et de provoquer des lésions pulmonaires mortelles. La seconde, intervenue pour l'un des deux patients, a conféré au virus une résistance au Tamiflu. Le fait que ces mutations interviennent dans deux villes différentes, et qu'elles s'avèrent similaires à celles observées en Norvège, laisse craindre qu'elles deviennent plus nombreuses. Ce qui serait très inquiétant.

En général, les pandémies grippales sont imprévisibles. Elles n'arrivent jamais quand on les attend, ni où on les attend et sous des formes différentes de celles prévues. Il faut donc suivre l'évolution des choses, et notamment des formes de grippes graves, avec la plus grande attention.

Comment le virus a-t-il muté ?

Un virus est un parasite qui, pour se reproduire, doit pénétrer à l'intérieur des cellules. L'enzyme qui le copie fait régulièrement des erreurs, on observe donc régulièrement des petites mutations du virus, qui expliquent que le vaccin de la grippe change chaque année.

Mais dans le cas des deux mutations observées cette semaine, le nouveau virus n'a rien à voir sur le plan génétique. Il proviendrait de deux virus qui circulent chez le porc depuis dix à vingt ans en Amérique du Nord et en Eurasie. On n'en sait pas plus sur les conditions d'apparition de ces mutations…

L'efficacité de la vaccination est-elle remise en cause ?

Non, car le vaccin de la grippe est dirigé contre les protéines de surface du virus qui, elles, n'ont pas muté contrairement au génome. Le vaccin peut donc toujours empêcher le virus de pénétrer dans les cellules de l'organisme pour se reproduire. Ces nouvelles mutations doivent au contraire inciter tous les Français à aller se faire vacciner, avec adjuvant.