vendredi 18 décembre 2009
Ouessant est sans doute commune la plus vaccinée de France contre la grippe A, grâce à des moyens exceptionnels
300 vaccinés pour 850 habitants ! Ouessant est, sans doute, la commune la plus vaccinée de France contre la grippe A. Des moyens importants y sont déployés.
Hier matin, une équipe médicale brestoise, emmenée par le directeur du CHU, a atterri à Ouessant pour deux jours de vaccination. «Initialement, les habitants devaient se faire vacciner à Guilers, près de Brest. Cela impliquait de passer une nuit, voire deux, sur le continent. Personne n'aurait accepté ces conditions, raconte Denis Palluel, le maire. C'est pourquoi j'ai demandé à la préfecture de changer de dispositif. Il a fallu insister». Les Ouessantins ont donc eu gain de cause. Et hier, on faisait la queue au club des aînés réquisitionné pour l'occasion. La mairie avait tout prévu. On y patientait au chaud. Et après la piqûre, les enfants se voyaient offrir sodas et gâteaux. «C'est tout le temps comme ça ici. On sait recevoir plaisantait une bénévole, en présentant à Clara, une petite puce qui venait de pleurer toutes les larmes de son corps, un grand verre de jus d'oranges. Pour être pris en charge, il fallait s'inscrire préalablement en mairie. Ces derniers jours, le secrétariat n'a pas désempli. «Vous savez, sur une île, on craint toujours les pépins de santé. Mieux vaut s'en préserver. Pas évident d'atteindre les urgences quand on habite ici», soulignait une maman qui accompagnait ses deux enfants. Le maire, lui, a une autre lecture de cet engouement. «Près de 40 % de la population a plus de 60 ans. Ces personnes sont très sensibles aux messages de santé publique. Et puis, les gens savent que la vaccination, c'est maintenant ou jamais. Ils ne pourront pas revenir».
L'île: un terrain idéal pour la contamination
Autre explication avancée par le professeur Fénoll, chef de service en chirurgie pédiatrique à l'hôpital Morvan, qui encadre le cabinet vaccination: «Sur une île, on vit un peu en vase clos. Un terrain idéal pour que se développe une épidémie. Les gens en ont conscience». Pour autant, la grippe A n'a pas fait d'entrée fracassante à Ouessant. Rémi Gendrot, le médecin de l'île qui était lui aussi réquisitionné, dit n'avoir constaté qu'un seul cas avéré depuis le début de l'épidémie. «Et encore, il s'agissait d'un enfant de la région parisienne dont l'école venait de fermer. C'était à la Toussaint». Dans trois semaines, une équipe plus légère reviendra pour la seconde injection des enfants. De mémoire d'Ouessantin, on a rarement vu de tels moyens déployés pour un problème de santé publique. Pourtant ici, on a l'habitude des regroupements pour raison de santé. «La dernière fois, on avait organisé un voyage à Brest pour le dépistage du cancer du sein, se souvient Denis Palluel. Beaucoup de monde y avait participé».