mardi 22 décembre 2009

Grippe H1N1 : Comment empêcher les cellules de servir le virus ennemi

L'identification de protéines humaines nécessaires à la multiplication du virus de la grippe H1N1, une fois introduit dans l'organisme, pourrait déboucher sur la mise au point de nouveaux antiviraux, selon les travaux de chercheurs américains publiés par la revue Nature.

Pour repérer les protéines, présentes dans les cellules de poumon, dont a besoin le virus pour se reproduire dans l'organisme contaminé, l'équipe de Sumit Chanda (Burnham Institute for Medical Research, La Jolla, Californie) a utilisé de petites molécules appelées ARNi (ARN interférent). Ces molécules sont capables d'agir sur la machinerie cellulaire et de bloquer spécifiquement la production de telle ou telle protéine. Le parcours du virus consiste d'abord à pénétrer dans la cellule, puis à s'y reproduire et ensuite en sortir pour se répandre ailleurs. Le matériel génétique du virus grippal est formé d'un simple brin d'ARN pour un nombre limité de protéines. Aussi a-t-il besoin de détourner la machinerie cellulaire de l'hôte infecté, et sa riche palette de protéines, pour assurer son cycle de vie. En éteignant un à un les gènes de cellules de l'appareil respiratoire, les chercheurs ont identifié 295 protéines humaines utiles à la multiplication du virus grippal. Parmi ces facteurs, douze sont nécessaires à la croissance du virus pandémique H1N1 actuel, selon les chercheurs. "Nous montrons que de petites molécules inhibitrices de certains facteurs, incluant la vATPase (enzyme) et le CAMK2B (une autre enzyme), contrarient la prolifération du virus", écrivent les auteurs de l'étude. Ils espèrent que leurs travaux aideront à identifier des cibles pour de nouveaux médicaments antiviraux dirigés contre plusieurs souches virales. Cibler des éléments de l'organisme humain contaminé pourrait aider à combattre les problèmes de résistance qui rendent inefficaces les médicaments, comme c'est déjà le cas pour deux vieux antigrippaux, l'amantadine et la rimantadine. Mais avant de pouvoir disposer d'un nouveau traitement, des tests devront prouver l'innocuité des petites molécules candidates.