mercredi 30 décembre 2009
Le " Flu-gate "
Le British Medical Journal (BMJ) cite les propos du Professeur Liam Donaldson, directeur général de la Santé, qui a reconnu au cours d’une conférence de presse que finalement le virus A (H1N1) avait engendré une « swine flu » « considérablement moins létale que redouté ». La reconnaissance officielle de cette fausse alerte a irrité certains professionnels de santé, qui n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement sur le site du BMJ.
Le Département de la Santé du NHS (Système national de la Santé) craignait d’être submergé par l’intensité de la grippe A (H1N1), ce qui ne s’est pas produit. Le NHS tient le choc, et pour cause. Il évoque les deux vagues qu’a connues le Royaume Uni, la première au début de l’été, la seconde cet automne, on a enregistré 290 000 cas pour la première, 482 000 cas pour la seconde, la première étant retombée plus rapidement (en termes d’incidence), alors que la seconde tend à durer. De ce fait, la seconde vague a entraîné davantage d’hospitalisations que la première. Mais pour le NHS, elle s’acheminerait vers sa fin, le pic d’alerte étant passé. Au 21 décembre, le nombre de patients hospitalisés était de 523, dont 113 en soins intensifs. Le nombre de nouveaux cas continue de baisser, entre 1 000 et 2 000 cas de moins par semaine. Depuis l'apparition de l’épidémie, en avril 2009, 298 décès ont été enregistrés au Royaume Uni.
La reconnaissance officielle de cette fausse alerte a irrité certains professionnels de santé, qui n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement sur le site du BMJ.
« Quel soulagement de savoir que la swine flu s’avère moins létale que redouté», écrit l’un d’entre eux, qui souligne que dans ses bulletins réguliers l’OMS « évite avec précaution de faire des prédictions alarmistes de morbi-mortalité », d’autant qu’elle confirme de plusieurs sources que celle-ci régresse depuis le mois dernier. Ultime réflexion, que l’on retrouve semble-t-il en France : « On a la forte impression que notre Département de la Santé a tenté de façon répétée de « jouer la sécurité » en bombardant le public de chiffres alarmistes et spéculatifs ».
Question : « Combien d’argent des contribuables a été consommé pour ces campagnes ? »
Un autre correspondant, citant le titre d’une pièce de Shakespeare : Much ado about nothing (en français : Beaucoup de bruit pour rien), ajoute : « Pendant que des millions de gens continuent de mourir de vrais tueurs », reproche d'avoir fait peur inutilement aux pays en développement, alors qu' « il est temps que des économies en développement, telle l’Inde, se concentrent à sauver des gens qui meurent de problèmes plus sévères et curables comme le paludisme, les pneumonies et les diarrhées ». Ce correspondant estimant que ces pays « ont gaspillé de précieux millions de dollars » dans la lutte contre H1N1. Pour un autre enfin, l’alerte au H1N1 était un « Alarm-gate », un scandale alarmiste comme l’était le scandale du Watergate. Il écrit : « Les climatologues et les épidémiologistes ont sans le savoir réussi un service public : Climat-gate et Flu-gate ont immunisé le public contre l’alarmisme répandu par les médias ».
Pendant ce temps au Royaume Uni les vaccinations se poursuivent. Au 21 décembre, 3 millions de personnes des groupes prioritaires avaient été vaccines, dont 101 000 femmes enceintes.
Source : BMJ 2009;339:b5568 (21/12/2009)