jeudi 10 décembre 2009
Le virus A (H1N1) suscite encore beaucoup de questions
La ministre Bachelot a annoncé que la France s’approche du pic de la première vague de grippe H1N1 et qu’une seconde vague est à prévoir. Par ailleurs, le réseaux des GROG annonce que 4.6 millions de patients ont attrapé le virus en France métropolitaine. Ce qui fait un bon cru pour ainsi dire. Pour mieux visualiser l’épopée du virus, on consultera les diagrammes de l’InVS basés sur les données des réseaux sentinelles. La courbe fait apparaître une incidence inférieure à celle de l’année précédente où 3.06 millions de cas ont été calculés. A vue de nez, il y aurait un facteur 2 entre les chiffres des sentinelles et ceux des GROG. Dans l’optique d’une stratégie ministérielle, il semble préférable d’annoncer le chiffre le plus haut. C’est l’inverse quand on compte les manifestants. Le chiffre utilisé par le ministère est celui de la police, qui en général est inférieur à celui des syndicats.
Quelques premiers enseignements tirer ? D’abord on est loin des records des années précédentes, mais plus haut que les années clémentes. C’est la grippe de 1988 qui bat les records avec une semaine où on a atteint les 1 800 cas pour 100 000 habitants. Bien au-dessus des 850 pour la semaine 49. Sans doute le pic pour cette année, pardon, pour la première phase si tant est qu’il y en ait une seconde. En 2008, le pic était également autour de 850. Pour info, une année creuse comme 2002-2003 offre un pic hebdomadaire autour de 400.
Seconde information, provenant des données SOS médecins. Il se confirme que la décrue est en route, clairement apparente sur les courbes. On voit nettement une différence marquée avec l’année précédente. Le nombre de consultations d’urgence pour syndrome grippal est sensiblement plus élevé, notamment pour la tranche des 5-14. Ce qui montrerait que cette grippe affecte les enfants plus que la précédente. Ou alors que les parents ont été un peu plus inquiets et n’ont pas économisé les appels d’urgence. Ce qui se comprend avec le contexte de médiatisation et d’inquiétude.
Troisième information. La courbe des sentinelles montre un évident décalage dans le temps. Très significatif. Lors de la précédente épidémie grippale de 2008-2009, le pic a été atteint en semaine 4 de 2009. Cette année, il devrait être atteint en semaine 49 ou 50 de 2009. Ce qui fait un décalage de 6 à 7 semaine. Il n’y a pas d’explication à ce phénomène pour l’instant. Ce virus semble assez singulier. Si la dynamique de l’épidémie H1N1 de 2009 est conforme aux autres années, il n’y aura qu’une seule vague. Les données consignées dans le dernier rapport sentinelles montrent en effet que chaque épidémie offre une courbe de type dromadaire, excepté en 1998 ou on voit un profil de chameau mais c’est très léger, rétréci, pas de quoi affirmer l’existence de deux vagues.
La question. Y aura-t-il une seconde vague, c’est-à-dire une baisse significative pendant deux ou trois semaines et une remontée fulgurante à la mi janvier, lorsque l’épidémie de 2008-2009 s’est accélérée ? Evoquer une seconde vague est donc justifié mais si tel était le cas, ce virus H1N1 offrirait une signalétique bien étrange, engendrant une épidémie inédite dont le déroulement tranche avec celui des autres années. Autre hypothèse, c’est la grippe saisonnière ordinaire, qui elle pourrait aussi jouer les troubles-fêtes mais on ne sait pas si une grippe en a chassé une autre. Bref, tout est incertain mais il y a des possibilités. Nous verrons bien si la grippe se comporte comme un tsunami. Après la première vague, on attend la seconde.