dimanche 6 décembre 2009

Le système des réquisitions désorganise les hôpitaux français

Le principal hic de l'organisation de la campagne de vaccination en France est qu'elle repose sur la réquisition de nombreux internes, externes et même infirmiers hospitaliers ou en formation, et risque d'affecter le fonctionnement de certains hôpitaux, où ils manquent à leur service.

"C'est au niveau de la mobilisation des personnels qu'il y a problème, quand ils sont dans des centres de vaccination, ils ne sont pas dans les hôpitaux pour travailler", a déclaré à l'AFP Christophe Prudhomme, porte-parole du syndicat des urgentistes (Amuf) et membre de la direction nationale de la CGT Santé. Pour les hôpitaux, "c'est plus que le bazar, c'est un b.. innommable" a-t-il dénoncé. Des témoignages recueillis par l'AFP appuient ces craintes :

Ainsi William Mamane, interne en chirurgie vasculaire à l'Hôpital Saint-Joseph à Paris, a expliqué avoir été contraint d'aller vacciner dans un centre alors qu'il devait opérer d'urgence une ischémie, une artère de la jambe bouchée. "On a affecté un chirurgien viscéral pour aider le chirurgien senior pendant cette opération. C'est comme si on envoyait un plombier aider un serrurier. Du coup s'il y a une péritonite ou une appendicite à opérer d'urgence, le chirurgien viscéral est occupé à déboucher une veine dans le service d'à-côté", a souligné l'interne.

D'autres ont assuré avoir dû abandonner sur le champ leur équipe à l'hôpital pour aller en urgence dans un centre de vaccination, où il y avait suffisamment de médecins, ou bien où les vaccins n'étaient pas arrivés.


"Nous avons su à 16H30 qu'un collègue devait être à 18 heures au centre de vaccination. J'ai remplacé mon collègue qui devait rester en cas de greffe d'organe d'urgence. En fait, il y avait suffisamment de médecins au centre et nous avons fermé à 20 heures", raconte Mathilde Soule, interne en chiururgie digestive à Rennes. "Nous sommes d'accord pour vacciner, mais pas pour désorganiser le fonctionnement des hôpitaux, et faire courir un danger majeur à des patients manifestement malades, pour une vaccination contre un danger bien plus hypothétique", a dénoncé le président du Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) Benjamin Chousterman, qui demande une limitation des réquisitions à "deux ou trois jours par mois". La ministre de la Santé Roselyne Bachelot, a jugé que "ce qui s'est passé à l'hôpital Saint-Joseph" est "malencontreux" tout en assurant dimanche qu'il n'était "pas question de désorganiser le système hospitalier".