dimanche 27 décembre 2009

Bachelot : "J'ai dit la vérité sans dramatiser"

Pour clore une année agitée sur le front sanitaire, Roselyne Bachelot s'est rendu vendredi dans un hôpital des Yvelines. Elle défend sa gestion de la pandémie grippale.

Les médecins ne connaissent pas les jours fériés, leur ministre veut montrer qu’elle reste au front à leurs côtés. Vendredi matin, Roselyne Bachelot, en butte à la fronde des généralistes agacés par sa gestion de la grippe A (H1N1), est allée faire une de ces visites de terrain qu’elle dit affectionner tout particulièrement. En ce jour de Noël, elle s’est rendue à l’hôpital de pédiatrie et de rééducation de Bullion, dans les Yvelines. Certains proches conseillers la disent meurtrie par les attaques tous azimuts concernant sa gestion de la crise sanitaire, et en particulier les critiques émises par certains grands médecins, comme le professeur et député (UMP) Bernard Debré qui a dénoncé un excès de prudence et de dépenses pour une simple "grippette". "Au début, on recevait du Mexique des éléments très contradictoires. On nous donnait des chiffres de mortalité effrayants. Pour en savoir plus, j’ai envoyé le virologue de l’Institut Pasteur Jean-Claude Manuguerra au Mexique. Je me suis toujours efforcée de prendre du recul, de dire la vérité sans dramatiser, de faire part de nos incertitudes. J’ai toujours été dans une position de mesure et de vigilance."

Alors que le pic épidémique est passé, Bachelot répète qu’elle s’est appuyée sur un collège d’experts (épidémiologistes, virologues, spécialistes de santé publique) et qu’elle fonde ses décisions sur un large consensus scientifique: "Contrairement à certains de mes prédécesseurs, je n’ai pas de gourou." Mais comment expliquer la très grande réticence des Français à se faire vacciner ? "D’abord, la campagne de vaccination n’est pas un échec. Nous avons un des taux les plus élevés d’Europe et l’hiver est loin d’être fini. Ensuite, il y a peut-être des causes plus profondes à cela. On observe des réticences au vaccin dans toute l’Europe. Dans nos pays riches, on a sans doute oublié que les maladies infectieuses tuent. Enfin, les théories du complot se propagent à toute allure sur internet. Des experts autoproclamés disent que le vaccin est dangereux et on les croit. Qu’y puis-je ?"
La ministre ne regrette pas, en revanche, d’avoir exclu les généralistes de la campagne de vaccination, des professionnels qui ont pourtant la confiance des Français et qui auraient pu les inciter à consentir à la piqûre. "S’ils avaient vacciné, ils n’auraient pas eu le temps de recevoir les malades en consultation. Et puis le conditionnement multidose du vaccin ne le permettait pas. L’Etat devait être en première ligne dans la gestion de la pandémie." Aucun regret non plus sur la commande massive de 94 millions de doses de vaccin, bien supérieure à celle passée dans les autres pays développés. "A l’époque, on ne savait pas qu’une seule dose serait suffisante. Si j’en avais acheté moins, on m’aurait accusée de ne pas en avoir fait assez. Nous n’aurons aucun problème à les revendre, le moment venu. Mes collègues ministres de la Santé étrangers ne cessent de m’en réclamer." S’ils pointent certains flottements dans sa communication durant la crise, de nombreux médecins estiment que l’épidémie était une peau de banane sur laquelle tout ministre aurait glissé. Bachelot, elle, riposte dans un sourire: "Si j’avais géré les choses autrement, on m’aurait critiquée aussi!"