mardi 29 décembre 2009

Grippe A : L'InvS souligne l'intérêt de la prescription précoce de Tamiflu

L'Institut national de veille sanitaire (InVS) vient de publier une étude basée sur l'observation des formes graves de grippe H1N1. Il apparaît qu'un traitement précoce à l'oseltamivir (Tamiflu®) réduit les risques de complications et de décès. Une publication en forme de réponse à la polémique soulevée par le changement des recommandations sur la prescription de cet antiviral.

Jusqu'au mois de novembre, les médecins devaient signaler à l'InVS toute hospitalisation liée à la grippe A, puis les signalements se sont ensuite limités aux formes graves. Chaque patient a alors fait l'objet d'un suivi détaillé. En comparant avec les formes non graves, les chercheurs de l'InVS ont tenté d'évaluer le risque de forme grave ou de décès en fonction de la prise précoce ou non de Tamiflu ®, c'est-à-dire dans les 48 heures après le début des symptômes.

Ainsi, parmi les formes non graves, 152 patients ont bénéficié d'un traitement précoce au Tamiflu et 113 ont reçu un traitement non précoce ou pas de traitement du tout. Pour les formes graves, la proportion s'inverse : 116 ont reçu du Tamiflu de façon précoce, contre 180 qui n'ont soit pas eu de traitement, soit ont été traités tardivement. Enfin, sur un total de 78 décès, seules 16 personnes avaient reçu du Tamiflu dans les 48 heures suivant l'apparition des symptômes. Ainsi, "en comparaison des formes non graves, les patients atteints de formes graves et les patients décédés ont moins souvent bénéficiés d'un traitement par oseltamivir commencé dans les 48 heures après le début des signes", observe l'InVS. Et ce, que les patients présentent ou non des facteurs de risque de complication.

Les résultats de cette analyse indiquent donc qu'un traitement précoce au Tamiflu ® pourrait protéger du risque de complications graves ou de décès de grippe H1N1. Cependant les scientifiques de l'InVS restent prudents quant à la portée de leur étude. "Notre analyse a des limites car réalisée sur des données observationnelles portant uniquement sur des cas hospitalisés. De plus nous n'avons pas pu prendre en compte d'éventuels facteurs de confusion et les informations concernant les modalités du traitement antiviral étaient manquantes pour environ 50 % des cas", indiquent les auteurs.

Ainsi, seule la moitié des cas a pu être intégrée à l'analyse. Toutefois, les auteurs notent que des observations similaires ont été rapportées dans d'autres pays : Etats-Unis, Canada et Mexique. Ces arguments seront-ils suffisants pour convaincre les médecins, qui s'interrogent sur la pertinence d'une telle prescription systématique pour tout syndrome grippal, quelle que soit son intensité et les éventuels facteurs de risque associés ?

Source : "Intérêt d'un traitement précoce par antiviral pour réduire la sévérité et la mortalité par grippe A", InVS, 21 décembre 2009