dimanche 13 décembre 2009

La grippe A décroît en Europe de l'Ouest sauf en France

Selon l'OMS, le nombre de cas diminue chez nos voisins européens. La baisse est attendue bientôt dans notre pays.

Le virus H1N1 continue de circuler dans toute l'Europe occidentale, mais l'activité grippale a atteint un pic et commence à décliner. Les réseaux de surveillance nationaux relèvent partout une diminution du nombre de cas de syndromes grippaux et d'infections respiratoires ordinaires et sévères. Seule exception, la France où les cas de syndromes grippaux continuent d'augmenter. C'est un des principaux points à retenir du bilan de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) publié vendredi. L'organisation a enregistré la semaine dernière dans le monde 828 nouveaux décès dus à la grippe A, dont 324 sur l'ensemble du continent européen.

Selon l'OMS, le recul de la grippe a commencé dans huit pays : Islande, Belgique, Irlande, Pays-Bas, Espagne, Portugal, Italie et Allemagne. En Europe du Nord, même si l'intensité de l'épidémie reste élevée, elle a néanmoins tendance à diminuer en Norvège, en Suède et au Danemark. À l'est, en revanche, le virus H1N1 continue de se propager, excepté en Bulgarie, Ukraine et Géorgie.

L'annonce de la décrue de la grippe en Europe de l'Ouest n'est pas une surprise. «Il est très possible que nous approchions du pic de la première vague en Europe», annonçait dès mercredi la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, lors d'un point presse. «Il est très difficile de savoir si une véritable décrue va s'amorcer ou si nous allons rester sur un plateau», avait-elle ajouté.

L'épidémie en France devrait bientôt rentrer en phase avec celle de ses proches voisins européens, pronostique sans hésiter le Pr Antoine Flahaut, épidémiologiste et directeur de l'École des hautes études en santé publique. «Toutes les études sur la grippe saisonnière montrent qu'il y a un grand synchronisme dans les épidémies grippales», assure-t-il. «On va très bientôt atteindre le pic dans notre pays, cette semaine ou la semaine prochaine.»

Le synchronisme des épidémies grippales est un phénomène bien connu. Chaque année, par exemple, le pic de mortalité de la grippe saisonnière intervient une semaine plus tard en Europe qu'aux États-Unis. Même si pour l'instant, avec le H1N1, le décalage entre les deux côtés de l'Atlantique est plus long puisqu'il est d'un mois environ, la dynamique de l'épidémie ne connaît pas d'écart significatif d'un pays à l'autre, à conditions sanitaires égales et tant que le virus ne mute pas.

Dans les jours à venir, un pas décisif va être bientôt franchi dans notre connaissance de la grippe A. Les premières analyses de séroprévalence contre le virus H1N1 devraient, en effet, être très prochainement publiées. En détectant les anticorps contre le H1N1 dans le sérum d'un grand nombre de personnes, ces analyses permettront enfin de connaître avec une meilleure précision le nombre de personnes ayant eu la grippe, en incluant celles qui ont pu l'avoir sans le savoir, autrement dit les cas asymptomatiques. Ces études ne sont conduites actuellement que dans deux pays dans le monde : en Grande-Bretagne et en France avec les programmes SéroGrippeHebdo et CoPanFlu pilotés par Antoine Flahaut. Ces études sont très attendues. «Il est frappant de voir que nous n'avons même pas aujourd'hui une idée de l'amplitude de l'infection. Les épidémiologistes ne savent pas si elle touche 5 %, 10 % ou 20 % de la population», confiait à la revue Nature Xavier de Lamballerie, de l'université Aix-Marseille II, qui réalise les tests sériques pour la France.