dimanche 1 novembre 2009

Les Canadiens prennent d'assaut les centres de vaccination contre la grippe A (H1N1)

Le directeur de la Santé publique, Alain Poirier, estime qu'il faudra contrôler davantage ceux qui se présentent aux lieux de vaccination.

Le ministre de Santé Yves Bolduc le concède : «à une époque j'ai moi-même dit qu'on allait faire des accommodements» pour les personnes qui se précipitent avant leur tour au centre de vaccination. Mais «on a vu des excès en conséquence de notre attitude conciliante», si bien que les prochains à s'essayer seront priés de retourner à la maison et d'attendre. Depuis la mort subite en début de semaine d'un adolescent de 13 ans atteint de la grippe A (H1N1) dans la région de Toronto, et depuis les récentes éclosions dans les écoles du Québec, depuis l'intensification de la deuxième vague, l'attitude de la population à l'égard de la vaccination a bien changé. «On est passé d'une attente de 40 % de la population qui voulait se faire vacciner et là, on l'estime actuellement à 70 à 80 %», a exposé le ministre Bolduc samedi matin en conférence de presse.

Des débordements

Il ne peut que se réjouir du changement de cap soudain, mais la Santé publique doit s'ajuster. «On a donné un pied, mais il y en a qui ont pris un peu plus», expose le directeur national de Santé publique, le Dr Alain Poirier. En effet, depuis le début de la vaccination la semaine dernière, certaines régions autour de Montréal et en Outaouais, entre autres, ont connu des débordements. Des gens mal informés ou inquiets tentaient de recevoir le vaccin avant le temps, ou dans une autre région pour profiter d'une séquence de vaccination différente.
Mais même si les gens se précipitent, le problème de base reste le même : il n'y a pas assez de doses disponibles pour vacciner tout le monde en même temps. Même que le nombre de doses disponibles diminuera temporairement pour laisser le temps au fabricant Glaxo Smith Kline de produire le vaccin sans adjuvant. Donc l'inquiétude grandit beaucoup plus rapidement que le nombre de doses. Malgré tout, «la panique est très mauvaise conseillère», philosophe Yves Bolduc. Mais «l'inquiétude de la population, on l'accepte et on la respecte [...] Ce qu'on peut dire, poursuit-il, c'est qu'on fait le maximum d'effort pour que la population se fasse vacciner le plus rapidement possible, d'où l'importance de donner la priorité aux groupes les plus vulnérables. «La population du Québec doit comprendre qu'il faut qu'elle soit disciplinée et qu'elle écoute les consignes.»

Les règles changent

Dans une perspective de santé publique, il faut éviter que les gens qui sont moins à risque ne privent les personnes vulnérables de leur vaccin. Sans faire la police, «il va falloir resserrer la vis, tranche le Dr Poirier, vérifier les files d'attente [...] Quand les gens vont se présenter, de toute évidence sans facteur de risque, simplement parce qu'ils étaient disponibles, "parce que ça adonnait bien, j'ai vu l'annonce, pis je passais chez vous", tous ces gens-là vont être appelés à retourner [chez eux], à attendre le moment de leur vaccination et de le faire dans leur région.» Il reconnaît qu'à l'évidence, les autorités devront toujours s'en remettre à la bonne foi de la population: «on ne fera pas de test de grossesse chez les femmes, par exemple, on ne demandera pas le dossier médical», mais «il y a des choses qu'on va contrôler mieux.» Ainsi, lorsque les femmes enceintes seront appelées dans les centres de vaccination, les hommes dans la file devront s'attendre à se faire poser des questions. Les autorités peuvent aussi facilement vérifier l'adresse d'une personne, son âge et d'autres renseignements qui sont disponibles avec le numéro d'assurance maladie, qui vous sera par ailleurs demandé pour recevoir le vaccin.