vendredi 20 novembre 2009

Grippe A : Les cas graves se multiplient en réanimation

Les réanimateurs appellent à la vaccination, après avoir observé des formes sérieuses chez des personnes jeunes.

Les cas graves de grippe A se multiplient en France, et les réanimateurs se disent d'autant plus inquiets qu'ils concernent des personnes jeunes, de 35 à 40 ans en moyenne. «Il est souvent dit que la plupart de ces patients sont atteints de comorbidité. C'est exact, mais il convient de souligner qu'il s'agit souvent de pathologies chroniques modérées avec longue espérance de vie, et qu'il y a des patients jeunes sans antécédents et une surreprésentation des femmes enceintes», insiste la Société de réanimation de langue française (SRLF) dans un communiqué. Au total, en France, 245 cas graves ont été recensés depuis le début de l'épidémie, dont un tiers sont encore hospitalisés en soins intensifs ou en réanimation, selon le dernier bilan de l'Institut national de veille sanitaire (INVS) publié jeudi sur son site. Depuis quinze jours, sur l'ensemble du territoire, plus de 60 personnes sont désormais hospitalisées chaque semaine pour une grippe A sévère, soit dix fois plus que début octobre.

Dans les hôpitaux de l'Assistance publique, «il y a, chaque jour, 25 à 30 malades sous ventilation mécanique dont 5 à 10 formes très sévères nécessitant le recours à une oxygénation extracorporelle, dont un peu moins de la moitié chez des enfants», indique encore la SRLF. De fait, les plus jeunes semblent particulièrement vulnérables au virus A/H1N1. Les moins de 15 ans comptent pour 20 % des cas graves hospitalisés, précise l'INVS, les plus de 65 ans, pour 7 %.

Problème respiratoire chronique

«Ce ne sont pas du tout les cas de grippe que nous avons l'habitude de voir à l'hôpital, confirme le Pr Charles Mayaud, chef du service de pneumologie et de réanimation de l'hôpital Tenon (Paris). Dans la grippe saisonnière, les formes graves surviennent surtout chez les personnes âgées. Le virus atteint les bronches en surface, ce qui peut faire décompenser une maladie préexistante, insuffisance cardiaque ou respiratoire par exemple. Là, le virus pandémique induit des atteintes du poumon profond et des alvéoles chez des personnes jeunes, qui conduisent à une asphyxie très difficile à prendre en charge.»

Selon l'INVS, les pathologies associées sont le plus souvent (dans près d'un cas sur trois) un problème respiratoire chronique et en particulier un asthme. Un diabète est retrouvé dans environ 10 % des cas, une obésité «morbide» ou un déficit immunitaire dans les mêmes proportions. Dix-huit femmes enceintes ont été concernées, soit 7 %. Au total, seulement 14 % de ces malades n'avaient aucun terrain particulier. Soixante-seize sont décédés (48 en métropole). En extrapolant à la France le bilan de l'hémisphère Sud, les réanimateurs prévoient 2 000 admissions en réanimation, et 300 décès. «Nous disposons des moyens d'éviter le décès de nombreuses personnes jeunes. Leur mise en œuvre repose sur un comportement solidaire», insiste la SRLF, qui recommande elle aussi de se faire vacciner.