mercredi 4 novembre 2009
En Picardie la grippe A (H1N1) progresse et inquiète
Après le décès de deux femmes, porteuses du virus H1N1, les mesures barrières ont été intensifiées au centre hospitalier Laennec. Mais l'inquiétude grandit auprès du personnel dont les moyens s'avèrent insuffisants en cas de pandémie.
L'activité grippale A continue d'augmenter en Picardie.
Le second cas mortel survenu la semaine dernière au centre hospitalier Laennec de Creil, confirme d'ailleurs « que l'épidémie progresse en France » note la direction de l'établissement creillois.
Autre indice inquiétant : le dernier bulletin de surveillance virologique fait état de 23 cas avérés de grippe A, dont 16 dans l'Oise, sur 48 prélèvements effectués ces dernières semaines en Picardie, soit un taux de positivité de 48 %.
Pour autant, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, et les autorités sanitaires se veulent rassurantes, alors que doit être lancée, jeudi, la campagne de vaccination.
En cas de pandémie brutale, « nous ne sommes pas prêts »
Médecin hospitalier à Creil, le docteur Loïc Pen se dit, en revanche, beaucoup plus sceptique. Son sentiment fait même froid dans le dos : « Le problème en cas de pandémie brutale, c'est que nous ne sommes pas prêts, affirme-t-il. Les urgences sont déjà saturées, on ne sait pas comment nous ferons pour accueillir tous les patients dans les hôpitaux publics. Même un plan blanc ne suffirait pas. » Or, l'isolement est essentiel en cas de contagion. « Pour l'instant, on fait ce qu'il faut, mais on ne pourra pas tout faire. On va ramer, craint Loïc Pen. Il y a du côté de nos tutelles une espèce de volonté de dire que nous vivons dans un monde parfait, mais ce n'est pas vrai. Il y a un problème, il faut le dire. » Selon lui, une pandémie brutale de grippe A (H1N1) tuerait de 15 000 à 30 000 patients en France, au moins trois fois plus que la grippe classique.
Le meilleur remède demeure encore la vaccination. Mais dans un contexte de méfiance généralisée insufflée par les lobbies anti-vaccins, le message semble avoir du mal à passer auprès de la population.
« Certes, comme dans tout traitement préventif ou curatif, il existe toujours un facteur risque, admet le médecin hospitalier. Mais on sauve des gens. Un patient seulement sur 1 million est sujet à des complications graves. » Au centre hospitalier de Creil, des mesures barrières ont par ailleurs été prises depuis deux mois pour anticiper un éventuel état de crise. « Les visites sont limitées à deux personnes par chambre et l'on demande aux familles de se laver les mains, de mettre un masque et d'utiliser des solutions hydro-alcooliques, précise Nathalie Borgne, directrice des soins au centre hospitalier Laennec.
Nous relayons également la campagne de vaccination autant auprès du personnel soignant que des patients. » Depuis le décès d'une agent communale creilloise, le 24 octobre, les visites ont même été réduites à une personne, l'usage d'une surblouse et d'un masque rendu obligatoire dans les chambres et les mesures barrières intensifiées dans les services les plus exposés comme le service de réanimation, la néonatologie ou encore la pneumologie. Prévention qui demeure à ce jour le moyen le plus efficace d'éviter le risque de pandémie.