samedi 1 août 2009

Grippe A : L'Union Européenne se prépare fébrilement au choc de la rentrée

Les Européens tentent d'élaborer une stratégie commune pour faire face à la grippe A en vue du grand rendez-vous de la rentrée de septembre, annoncé comme périlleux, mais la tâche est ardue, comme l'illustre la décision unilatérale de la Grèce de vacciner sa population. L'annonce a pris de court à Bruxelles, où la Commission européenne tente de coordonner cette stratégie. Mais "chacun fait ce qu'il veut", a souligné un porte-parole. La politique de la santé relève en effet des prérogatives nationales, et "les gouvernements conservent jalousement ce droit de décider quoi faire en cas d'urgence", commente un fonctionnaire européen. Bruxelles s'efforce néanmoins d'harmoniser. Androulla Vassiliou, commissaire en charge des questions de santé, a promis de présenter le 16 septembre un rapport sur les actions prioritaires à mener.

Les ministres européens de la santé se réuniront le 12 octobre.

L'une des actions concerne la stratégie de vaccination contre la grippe A (H1N1), qui a déjà entraîné une quarantaine de décès en Europe, surtout en Grande-Bretagne et en Espagne. Les tout premiers cas mortels viennent d'être annoncés en France et en Belgique. Treize des 27 Etats de l'UE ont déjà communiqué à Bruxelles des mesures de précaution pour endiguer et ralentir la propagation de la pandémie, selon la Commission. La mise au point du vaccin est en cours, mais il n'est pas certain qu'il sera disponible en quantités suffisantes pour la rentrée des classes en septembre, une des périodes jugée à grand risque.

Des experts de l'Union européenne, réunis ce vendredi 31 juillet à Bruxelles au sein du Comité pour la sécurité sanitaire, devaient discuter d'une proposition britannique de "retarder la rentrée des classes jusqu'à la fin du mois de septembre".

L'initiative pourrait permettre de ralentir la propagation de la grippe, soulignent les Britanniques. "Les enfants ne sont pas immunisés, ils sont considérés comme un des groupes les plus à risque face à la nouvelle pandémie et sont surtout l'un des vecteurs de sa propagation", expliquent-ils dans une note préparatoire. Mais la fermeture des écoles pose de nombreux problèmes, notamment pour l'activité économique, reconnaissent les Britanniques.

L'initiative grecque de vaccination généralisée n'aide pas dans ce contexte, car elle donne une impression de précipitation.

Par comparaison, à ce stade, l'Allemagne, l'Italie, n'envisagent de ne vacciner qu'un tiers de leur population environ. Les médecins sont aussi divisés sur la gravité du virus. L'urogologue français Bernard Debré, également député du parti du président de la République Nicolas Sarkozy, vient de le qualifier de "grippette". "Tout ce que nous faisons ne sert qu'à nous faire peur", a-t-il accusé. "Nous devons imaginer l'inimaginable", soutient pour sa part le docteur Philippe Meert, coordinateur de la cellule grippe des cliniques Saint Luc à Bruxelles. Mais l'annonce en Belgique de la préparation d'ailes entières dans les hôpitaux en prévision d'une éventuelle vague de malades, ou la consigne donnée aux communes francophones de "préparer les cimetières" risquent d'attiser les craintes. Bruxelles a déjà mis en garde contre une "augmentation du nombre de cas durant l'été à cause des mouvements liés au tourisme". "L'arrivée de la grippe saisonnière en octobre-novembre ajoutée à la pandémie va avoir pour conséquence une accélération du rythme de propagation et une augmentation des taux de mortalité", a averti Mme Vassiliou. "Les informations en provenance de l'hémisphère sud, où c'est maintenant l'hiver, montrent ce qui attend l'Union", a souligné vendredi la Commission.