lundi 24 août 2009

Si vous êtes nés avant 1957, la grippe A (H1N1) ne passera (peut-être) pas par vous !

La grippe A (H1N1) livre peu à peu ses secrets. Comme on le voit en ces premiers jours de juillet, sa propagation dans l’hémisphère Nord ne semble nullement affectée par la montée des températures comme on l’observe au cours de la grippe saisonnière et comme cela avait été le cas lors de la grande pandémie de grippe espagnole en 1918.

En ce qui concerne les formes graves, nous en savons plus aujourd’hui avec la publication par une équipe américano-mexicaine dans le New England Journal of Medicine d’une étude épidémiologique sur les premiers cas sévères survenus au Mexique au début du printemps avant même que le virus ne soit isolé en Californie. Du 24 mars au 29 avril 2009, 2 155 cas de pneumopathies graves ont été rapportés au ministère de la santé mexicain ce qui correspondait à une très forte augmentation de la fréquence de ce type de pathologies.

Durant la même période 2 582 prélèvements nasopharyngés se sont révélés positifs pour le virus A (H1N1) ce qui laisse penser qu’un très grand pourcentage de ces pneumopathies sévères était lié au nouveau virus, même si 44 % seulement de ces pneumopathies graves ont pu être rapportés biologiquement avec certitude à la grippe A (H1N1). Ces pneumopathies grippales graves frappaient des populations très différentes par rapport à la grippe saisonnière. Alors qu’au cours des épidémies de grippe des hivers 2005 à 2008, les tranches d’âge les plus touchées par les pneumopathies graves étaient les enfants de moins de 4 ans et les sujets de plus de 65 ans, lors de ce début de pandémie le pic de fréquence des formes sévères a été observé entre 25 et 44 ans. Ainsi, par exemple si les sujets de plus de 75 ans représentent habituellement 51 % des décès par pneumopathie au cours des épidémies de grippe saisonnière, ils ne comptent plus ici que pour 5 % des morts et 87 % des morts de cette nouvelle épidémie ont concerné des sujets entre 5 et 59 ans.

Ces données confirment donc celles recueillies aux Etats-Unis il y a quelques semaines sur les premiers cas graves de grippe A (H1N1). Pour les auteurs, cette relative immunité des sujets de plus de 60 ans s’explique probablement par un contact préalable avec un virus A (H1N1) qui circulait dans la population avant l’épisode pandémique de 1957 lié à un virus A (H2N2). Contrairement à ce qui était recommandé jusqu’ici, les sujets jeunes (et non les plus de 65 ans) devront donc être vaccinés en priorité lorsque nous disposerons d’un vaccin, c'est-à-dire probablement cet automne.