dimanche 23 août 2009

Grippe A (H1N1) : Qui vacciner en priorité ? Un défi pour les gouvernements

Face à l'impossibilité de pouvoir vacciner dans un premier temps l'ensemble de la population contre la grippe pandémique A (H1N1), les gouvernements vont devoir faire des choix et établir des priorités. Vendredi, la directrice de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Margaret Chan soulignait qu'il s'agissait d'"une des décisions les plus difficiles que les gouvernements auront à prendre".

Selon Melinda Henry, porte-parole de l'organisation, "les Etats devront décider :
- s'ils veulent stopper la contagion,
- protéger les infrastructures essentielles d'un pays
- ou réduire le nombre de cas de malades et de morts".

Alors qui vacciner d'abord ?
Les enfants scolarisés et leurs parents, répondent des chercheurs américains dans la revue Science. Privilégier les jeunes, cibles du virus dont ils sont également un grand vecteur, empêcherait la contagion dans les écoles et la transmission aux parents, puis au reste de la communauté. Moins de vaccins seraient nécessaires que pour la grippe saisonnière, affirment-ils. Au Japon, la vaccination de la plupart des enfants contre la grippe saisonnière entre 1962 et 1987 a divisé par trois ou quatre le taux de mortalité, sauvant 37 000 à 49 000 vies. Selon d'autres experts, le vaccin vaut d'abord pour les personnes souffrant de pathologies chroniques, leur évitant des complications.

L'OMS prône pour l'instant de vacciner les personnels de santé, à charge pour les Etats de définir pour les autres leur propre politique. Aux Etats-Unis, pays le plus touché par la grippe A (H1N1) au monde, les autorités sanitaires veulent vacciner 160 millions de personnes, soit un Américain sur deux. Un groupe prioritaire restreint de 41 millions de personnes à vacciner (femmes enceintes, personnels de santé, adultes de santé fragile, enfants et jeunes de 6 mois à 24 ans) a été identifié. Le Mexique, foyer mondial de la grippe porcine en avril-mai, a sollicité un prêt de 400 millions de dollars à la Banque mondiale pour acheter 20 millions de doses pour la période décembre-avril, d'abord destinées aux populations les plus vulnérables et aux personnels de santé. En Argentine, deuxième pays le plus touché au monde par le virus avec un peu plus de 400 morts, aucun plan de vaccination n'est annoncé pour l'instant. Au Brésil (370 morts environ), les personnels de santé seront les premiers vaccinés à l'horizon de décembre. En Chine, les autorités espèrent vacciner 1 % de la population d'ici octobre - soit 13 millions de personnes environ. Les personnels de santé, les personnes âgées et les enfants devraient être les premiers. La Grande-Bretagne, pays européen le plus touché, a commandé 54,6 millions de doses pour 60 millions d'habitants. Un groupe prioritaire de 11 millions de personnes a été identifié, dont 2,1 millions appartenant aux services sanitaires et sociaux. La France, comme l'Espagne et les Pays-Bas, va vacciner en premier lieu les groupes à risque - personnels de santé, personnes ayant des problèmes de santé chroniques (respiratoires, diabète...), femmes enceintes, etc. Madrid pourrait ajouter à la liste les professeurs d'école primaire. La République tchèque cible uniquement dans un premier temps les médecins, infirmières et autres employés de la Santé publique. Au Moyen-Orient, Israël prévoit à terme de couvrir l'ensemble de la population. L'Egypte table sur 2,5 millions de personnes vaccinées pour 80 millions d'habitants. Bahrein prévoit de vacciner en priorité les personnels de santé, les malades et également les pèlerins. Dans l'hémisphère sud, déjà lourdement frappé par l'épidémie, l'Australie annonce le début d'une "vaccination de masse" dès septembre. Deux millions de doses seront disponibles dans un premier temps pour les personnes fragiles et les personnels de santé.