mardi 4 août 2009
Des cas de résistance au Tamiflu à la frontière américano-mexicaine
Plusieurs patients se sont révélés résistants à l'antiviral près de la frontière. "Ce n'est pas une surprise, il n'y a pas de quoi s'inquiéter", affirme le laboratoire Roche, qui estime à 0,5 % le taux de résistance.
Des cas de résistance au Tamiflu, principal antiviral utilisé contre la grippe A (H1N1), ont été constatés près de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, a indiqué lundi 3 août l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS). "Nous avons trouvé des cas de résistance au Tamiflu à la frontière. Nous avons observé quelques cas, peu dont nous soyons sûrs, à El Paso et près de McAllen, au Texas", a déclaré Dr. Maria Teresa Cerqueira, responsable locale du bureau de l'OPS, lors d'une conférence sur la grippe A. Les personnes concernées traversent régulièrement la frontière et se sont automédicamentées, rapporte la médecin.
Des cas "isolés"
"Aux Etats-Unis, le Tamiflu est délivré sur ordonnance mais il est en vente libre au Mexique et au Canada et pris au premier éternuement. Et quand il est vraiment utile, il ne marche plus", a relevé Maria Teresa Cerqueira. Elle a expliqué qu'un patient porteur d'une souche du virus A (H1N1) résistante au Tamiflu a été traité de manière positive au Zanamivir, un autre antiviral, et qu'un autre patient n'a reçu aucun autre traitement. Ces deux patients ont survécu, a-t-elle avancé.
En juillet, un cas de résistance au Tamiflu avait déjà été constaté au Canada. Il s'agissait du premier cas en Amérique du Nord, selon le Dr Guy Boivin, du Centre hospitalier de l'université Laval (CHUL) à Québec, qui avait découvert cette souche résistante. Des cas de résistance à l'antiviral ont également été observés au Danemark, au Japon et à Hong Kong.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a cependant estimé que ces cas sont "isolés" et qu'elle maintient sa recommandation pour le Tamiflu et le Relenza.
" Il n'y a pas de quoi s'inquiéter pour l'heure"
Le laboratoire Roche, vendeur du Tamiflu, avait indiqué qu'il s'attendait à 0,5 % de résistance à son antiviral d'après les résultats des essais cliniques.
"Ce n'est pas une surprise", affirme le directeur de la division pharmaceutique de Roche, William Burns : "dans le cas d'une grippe saisonnière, environ 0,4 % des organismes peuvent s'avérer résistants. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter pour l'heure". "Nous n'observons pas une augmentation de ces cas de résistance", renchérit le directeur général de Roche, Severin Schwan.
"Il n'est pas exclu que dans une collectivité où l'on traite des gens avec du Tamiflu, il y ait quelques cas de virus qui développent des résistances et qui se répandent", précise le Dr Thierry Buclin, médecin-adjoint au service pharmacologie et toxicologie cliniques, au CHUV de Lausanne. "La véritable question est plutôt : qui doit prendre du Tamiflu ?", nuance le Dr Buclin. "Qu'est-ce que l'on gagne à traiter avec le Tamiflu, si l'on peut se soigner avec du paracétamol ?", assène-t-il.