Le Centre Européen pour le Contrôle et la prévention des maladies (ECDC) nous révèle le 5 juin, des données tout à fait nouvelles et pointues sur l’épidémie de grippe A, à la suite de sa réunion d’experts à Stockholm des 3 et 4 juin derniers.
Potentiel de contamination par tranche d’âge, transmission communautaire, techniques de diagnostic, origine du virus, les experts européens ont mis en commun l’ensemble de leurs études et de leurs données épidémiologiques. La planification d’un prochain comité d’experts européens sous 6 semaines augure elle-aussi d’un mouvement vers le niveau d’alerte maximum, mais sans précipitation. Des experts de la grippe, des épidémiologistes et des virologues venus des états européens ont travaillé pendant deux jours sur la surveillance épidémiologique et virologique de la grippe saisonnière et de la grippe A (H1N1). Cette réunion était l’occasion de faire d’abord un point sur le mode de surveillance pratiqué en Europe pendant cette première “saison” épidémique et le mode de transfert des données vers une nouvelle plateforme utilisant le nouveau système de surveillance européen (TESSy). Ensuite, des experts confirmés du Center of Disease Control and prevention (CDC) d’Atlanta et des experts de l’OMS pour l’Europe ont pu présenter leurs rapports sur la diffusion de l’épidémie alors que le réseau des laboratoires de référence de la Communauté européenne travaillait sur le développement des différentes souches du virus A (H1N1) en regard du virus de la grippe saisonnière. De nouvelles sources de données qui peuvent venir conforter le mode de surveillance actuel ont été proposées par les experts et discutées en réunion. Parmi ces nouvelles « méthodes », le nouveau développement de Google, Google Flutrends. Dans sa dernière édition, Eurosurveillance, notre dispositif de surveillance épidémiologique européen a publié certaines informations sur le fameux virus .
Une première communication estime le potentiel de contamination du virus A (H1N1) et ses spécificités en matière de tranches d’âge. En particulier, cette étude relève qu'au Japon, le nombre de transmissions secondaires impliquant des jeunes de moins de 20 ans comparé au nombre de cas primaires de jeunes infectés aboutit à un ratio de 2,8. La conclusion est qu’une diffusion du virus serait possible en l’absence d’adultes c’est-à-dire que les jeunes sont des « véhicules » de transmission plus actifs que les plus âgés.
Un second rapport apporte une réactualisation des données épidémiologiques au Royaume Uni sur la base des 252 cas déjà avérés au 31 mai. L’étude révèle que la diffusion est la plus active dans les foyers, les écoles et en communauté avec 40 cas « secondaires » et 125 cas « tertiaires ». En conclusion, au Royaume Uni, la transmission communautaire en opposition à la transmission « importée » est beaucoup plus importante que prévue. Un article du Royaume Uni confirme l’intérêt de l’utilisation combine de diagnostic biologique classique et la combinaison permettant l’obtention d’un résultat à la fois sûr et certain.
Les origines du virus A (H1N1) font l’objet d’une autre communication “mexicano-américaine” qui démontre l’intérêt de la mise en place d’un mode de surveillance qui intègre les données phylogénétiques sur les différents virus de la grippe, chez l’homme et chez l’animal, en particulier le porc. Dans la perspective de développement du vaccin la compréhension des ressemblances entre les matériels génétiques des différents virus est primordiale.
Enfin, une communication norvégienne présente un exemple pratique du processus de communication de crise à mettre en place par les autorités sanitaires en cas de pandémie, en présentant les situations de pandémie les plus difficiles qui soient.
Ces dernières 24 heures, l’ECDC rapporte 144 nouveaux cas en Europe majoritairement déclarés en Espagne et au Royaume Uni et la diffusion du virus dans de nouveaux territoires français, la Polynésie française et la Barbade. Sous 6 semaines, un nouveau Comité d’experts devrait se réunir, le temps de laisser à chaque Etat européen d’avancer de son côté sur son analyse locale de la situation. Mais on ne peut qu’être rassurés par cette avancée européenne dans la connaissance, l’identification et la surveillance de l’épidémie.