Photo ci-contre : A Hong-Kong, les autorités ont ordonné la fermeture des écoles primaires et les crèches de l'île après la contamination de douze élèves par le virus de la grippe A/H1N1.
Le plan antigrippe A (H1N1) de l'éducation nationale est prêt. Au cas où celle-ci viendrait à toucher simultanément plusieurs régions, voire l'ensemble du pays, un dispositif d'enseignement à distance prendrait le relais. A l'heure actuelle, personne n'imagine l'activer avant la rentrée de septembre même si, lundi 15 juin, la préfecture de Haute-Garonne a décidé de fermer le collège de Quint-Fonsegrives, dans la banlieue de Toulouse, jusqu'à jeudi matin. Une mesure de précaution à l'heure où quatorze cas de grippe A(H1N1) ont été détectés chez des élèves d'une classe de sixième. Ces cas qui sont les premiers en France à ne pas être liés à un voyage à l'étranger, a souligné le sous-préfet, Bruno André. Ce qui laisse ouverte l'hypothèse d'un foyer autonome de grippe A.
Face au risque de pandémie lié à la grippe A, le ministère de la santé et les représentants des secteurs économiques stratégiques (transports, alimentation, médicaments, finance...) ont élaboré des scénarios pour "assurer la continuité" du travail. Si le scénario fiction de la fermeture des établissements scolaires devenait réalité à une large échelle, les 9,4 millions d'élèves du cours préparatoire au baccalauréat ne seraient pas laissés sans travail : 264 heures de télé et 288 heures de radio sont prêtes à être diffusées sur France 5 et France-Culture.
Leur journée pourrait s'organiser sur le modèle suivant : un lycéen suivrait un programme de langues vivantes diffusé sur France Culture le matin, puis s'installerait devant son téléviseur pour l'analyse d'un passage du Père Goriot de Balzac, une oeuvre au programme de sa classe de 1re, avant d'entendre une leçon d'histoire. Plus tôt le matin, une autre émission télévisuelle de 50 minutes serait destinée au plus jeune, un élève de CE1 par exemple, qui pourrait apprendre la soustraction à travers une petite mise en scène : celle d'un homme qui tient cinq balles de tennis, en passe deux derrière son dos et montre le reste. L'élève devrait formaliser l'opération mathématique qu'il a regardée. En début d'après-midi, place aux sciences de la vie et de la Terre (SVT) et à la physique pour le collégien à la maison. Sur l'écran, un homme court. L'image s'arrête et son corps devient transparent, montrant les échanges gazeux de la respiration. Quelques minutes plus tard, après avoir suivi le circuit de l'oxygène et du gaz carbonique, une synthèse du cours s'affiche à l'écran, que l'élève recopie. Si le collégien ou le lycéen ont des questions et qu'ils ne disposent ni de l'adresse Internet ni du numéro de téléphone de leur professeur, ils peuvent interroger tout de suite un des enseignants référents qui assurent une permanence dans leur établissement. A moins qu'ils n'attendent le mercredi, journée consacrée au maintien de ce lien pédagogique.
"Notre grille télévisuelle propose cinq heures trente d'émission, quatre jours par semaine pendant douze semaines et notre grille radiophonique six heures, pour les élèves du primaire au bac", rappelle-t-on au Centre national de documentation pédagogique (CNDP), qui a mis en sons et en images les grandes lignes de trois mois de programmes. Soit plus que la durée d'un pic épidémique. Cette production se sépare en quatre blocs. Un pour les élèves de cycle 2 (grande section, CP et CE1), un autre pour les cycles 3 (CE2, CM1 et CM2), un pour les collégiens et le dernier pour les lycéens. Quatre cocktails de disciplines dont la pertinence a été décidée par des enseignants et des inspecteurs. Rien n'est prévu en revanche pour les premières années de maternelle. Tous les foyers n'étant pas équipés, Internet n'a pas été choisi afin d'éviter la fracture numérique, même si l'entourage du ministre "n'exclut pas que certaines émissions soient téléchargeables". L'objectif est "d'entretenir les connaissances déjà acquises (...) tout en permettant l'apprentissage de nouvelles et de maintenir et développer le goût et l'envie des études et du savoir", précise le plan ministériel. Aucune permanence des maîtres du primaire n'est prévue, contrairement aux collèges et aux lycées. Des agents administratifs seront aussi consignés qui auront pour fonction d'assurer la continuité de l'institution qui fait travailler un million de salariés. Avant la fermeture du collège de Quint-Fonsegrives, la seule conséquence de la menace grippale restait l'annulation des stages ou voyages scolaires vers le Canada, les Etats-Unis, le Japon, le Mexique, Panama et la République dominicaine.