Les dix collégiens contaminés à Toulouse sont toujours hospitalisés, alors qu'ils souffrent d'une forme bénigne. Ils risquent de contaminer des patients vulnérables. En dépit de la nouvelle alerte, avec la découverte dimanche de sept collégiens toulousains contaminés par le virus H1N1, la France a décidé lundi de maintenir le niveau de vigilance 5A dans le cadre de la pandémie grippale. Il s'agit pourtant d'une marche supplémentaire dans l'évolution de la maladie. Selon les premières investigations, en effet, les dix collégiens n'ont ni voyagé dans un des pays contaminés ni eu de contacts avec des personnes malades. Pour la première fois dans l'Hexagone, le virus circulerait de façon autonome. Mais un passage au niveau d'alerte 6 (adopté par l'OMS) n'est pas envisagé « étant donné le faible nombre de cas », a précisé lundi Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé. « L'émergence de ce foyer n'est pas une surprise. Nous nous y attendions, nous sommes parés à toute éventualité », a-t-elle ajouté.
Photo ci-dessus : Des parents d'élèves et enseignants sortent du collège de Quint-Fonsegrives, à Toulouse, après une réunion d'information avec des médecins.
Bruno Marchou, le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Purpan de Toulouse se montrait agacé, lundi, en raison de l'hospitalisation systématique des malades prévue dans le plan pandémie. « Ils vont tous très bien. Leurs cas ne suscitent aucune inquiétude », a-t-il lancé à l'adresse des parents des adolescents. Et le médecin de s'énerver : « On ne peut pas imaginer une hospitalisation dans tous les cas. Dans les autres pays, seuls les cas graves font l'objet d'une hospitalisation, on met en danger la vie des vrais malades. » « Il est tout à fait anormal d'hospitaliser des personnes souffrant de grippe qui ne présentent aucun symptôme de détresse respiratoire », confirme Patrick Berche, professeur de microbiologie à Paris-V. « Il faut que ces personnes soient traitées à domicile par le généraliste, qui doit donner des conseils à l'entourage pour empêcher la contamination. Il est dangereux de les envoyer à l'hôpital. »
Imaginées pour faire face à la grippe aviaire et à une déferlante d'un virus H5N1 beaucoup plus agressif, des mesures du plan pandémie paraissent en effet disproportionnées. « C'est vrai que pour le moment, le virus H1N1 n'a pas l'air plus sévère qu'une grippe saisonnière », insiste Pierre-Yves Boelle, chercheur épidémiologiste à l'Inserm. « Mais il peut évoluer », tempère le scientifique. L'éventualité d'une vague plus menaçante, qui pourrait survenir à l'automne avec le retour du froid, a d'ailleurs conduit les responsables de l'Éducation nationale à élaborer une note rappelant les consignes de prudence destinées aux élèves. Non seulement les voyages scolaires sont fortement déconseillés dans les pays touchés, mais la note publiée le 9 juin dernier prévoit deux hypothèses. Soit la situation n'est pas trop grave et il faut inciter les enfants à adopter des mesures d'hygiène élémentaires : « se laver les mains plusieurs fois par jour au savon et pendant 30 secondes… Utiliser des mouchoirs jetables » et se laver les mains après s'en être débarrassé, « se sécher les mains avec des souffleries ou avec du matériel à usage unique… ». Soit il y a une alerte pandémique et la fermeture des établissements peut-être décidée par le ministre de la Santé, ce qui est le cas à Toulouse, jusqu'à jeudi matin. Encore faut-il que les enfants ne s'égaillent pas dans la nature et que le contact évité à l'école ne se fasse pas, par exemple, dans les squares. Une étude réalisée par l'Inserm sur la base du réseau Sentinelle (il assure le suivi de la grippe saisonnière depuis vingt ans) montre que lorsque la grippe intervient au moment des vacances, la fermeture des établissements a un impact. « On constate une baisse de 20 % du nombre d'infections au cours de l'épidémie », explique Pierre-Yves Boelle, qui a piloté l'étude. On dénombre 106 cas aujourd'hui en France. Et « beaucoup d'inquiets de la grippe A qui viennent grossir les files d'attente des urgences », regrette le professeur Eledjam, responsable des urgences au CHRU de Montpellier, où deux personnes, lundi, ont été diagnostiquées porteuses du virus. L'une d'elles rentrait de San Francisco.
En effet que penser s'il s'agit d'une grippe à peine plus grave qu'une grippe saisonnière de la mise sous Tamiflu des personnes contaminées et de leur entourage. On sait que cette stratégie empêche de fabriquer des anticorps, donc lors d'une deuxième vague, les sujets précédemment contaminés seront tout aussi vulnérable, voire plus car la deuxième vague est réputée plus dangereuse. Par ailleurs on risque de provoquer des résistances aux antiviraux qui seront plus utiles ensuite. La ministre de la santé Roselyne Bachelot évoque l'importance du contrôle de la distribution du Tamiflu pour empêcher un mésusage ... le mésusage n'est-il pas déjà en cours ?