lundi 29 juin 2009
Premier cas signalé de résistance au Tamiflu
Pour la première fois, un patient contaminé par le virus de la grippe A a présenté une résistance à l'antiviral Tamiflu de Roche, a annoncé lundi un responsable du laboratoire pharmaceutique. Le cas a été constaté au Danemark. Le médicament anti-grippal Tamiflu empêche le virus de se multiplier. Inutile pour les personnes non infectées, il a été reconnu efficace contre le nouveau virus de grippe porcine de type A (H1N1) par l'Organisation mondiale de la Santé et les Centres de maladie et de prévention américains. Il est prescrit aux personnes contaminées ou suspectées de l’être. Ce patient était un sujet contact et il avait été mis préventivement sous Tamiflu. Malgré la prise de cet antiviral il a déclenché les symptômes de la grippe et a bénéficié à ce moment de l'autre antiviral le Relenza. Nous évoquions cette éventualité, en se posant la question de l'intérêt de la mise systématique sous antiviral au risque de provoquer des résistances. Les faits viennent malheureusement de nous donner raison.
Pourquoi " Les antiviraux c'est automatique " ?
La mise systématique sous antiviral des sujets infectés, mais aussi des sujets contacts, correspond à une stratégie élaborée au niveau mondial par l'OMS. L'hypothèse est de ralentir la diffusion du virus au maximum en diminuant le nombre de sujets susceptibles à leur tour de provoquer de nouvelles infections. L'idée étant de gagner un temps précieux et d'utiliser cette période intermédiaire pour mettre au point un vaccin.
Que change cette résistance sur le plan stratégique ?
Se voulant rassurant, l'institut a souligné que ce cas de résistance ne changeait pas les recommandations concernant l'utilisation du Tamiflu contre la première pandémie de grippe du 21ème siècle. Le laboratoire Roche, contacté par l'AFP, a pour sa part minimisé l'affaire, estimant que ce cas était "isolé" et correspondait aux statistiques constatées lors des essais cliniques. "C'était quelque chose auquel nous nous attendions", a expliqué un porte-parole du laboratoire, David Reddy, ajoutant que ce cas rentrait dans les 0,5% d'exemples de résistance constatés lors des essais cliniques. "Cela ne signifie pas que le virus qui circule actuellement est résistant au Tamiflu", a-t-il ajouté. Il a donné pour preuve que le malade avait été en contact proche avec d'autres personnes atteintes du virus qui, elles, ont pu être soignées au Tamiflu. Ce qui signifie, selon lui, que c'est le patient qui a développé une résistance et non le virus qui a muté de façon à rendre l'antiviral inefficace. Il n'empêche, un des rares points sur lequel les experts s'accordent, c'est que tôt ou tard, le A (HN1N1) devrait trouver un moyen de contrer les antiviraux actuels. D'une grande capacité d'adaptation, les virus cherchent par nature à contourner les obstacles qu'on leur présente, expliquait récemment à l'AFP le professeur Antoine Flahaut, directeur des hautes études en santé publique. "Le seul scénario actuellement plausible est que le virus devienne résistant au Tamiflu", avait-il déclaré. Cette épée de Damoclès rend d'autant plus cruciale la mise en place d'un vaccin et explique l'empressement de l'OMS à lancer une production mondiale, qui ne devrait toutefois pas venir avant septembre.
La pandémie continue de s'étendre rapidement
De plus, loin de ralentir, le virus continue de s'étendre à vive allure de part le monde. Selon le dernier bilan de l'organisation, la grippe d'origine porcine, aviaire et humaine est présente désormais dans 116 pays et territoires, où elle a contaminé 70 893 personnes, faisant 311 morts. Soit un bond de plus de 11 000 cas répertoriés en trois jours. La plus forte augmentation du nombre de malades a été enregistrée aux Etats-Unis, qui, avec 27 717 malades et 127 décès, restent le pays le plus affecté de la planète. Selon les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), ce ne serait en plus que la partie visible de l'iceberg. Le nombre réel de cas sur le territoire dépasserait, selon eux, le million dont la moitié à New York. Et ce alors que la grippe porcine devrait théoriquement faiblir dans l'hémisphère nord en raison de l'été. La maladie a même fait une nouvelle victime au Royaume-Uni, une petite fille de 9 ans atteinte du virus qui est morte à Birmingham (centre), portant à trois le nombre de décès liés à la maladie dans le cinquième pays le plus touché au monde (4 250 cas selon l'OMS). Enfin, le Kenya, le Népal, l'île Maurice et la Bosnie ont rapporté les premiers cas sur leur territoire.