mercredi 10 juin 2009

La pandémie de grippe A (H1N1) a commencé

La pandémie de grippe A est une réalité et l'OMS doit passer à la phase 6 de son niveau d'alerte "au plus tôt". Antoine Flahault, directeur de l'École des hautes études en santé publique française de Rennes, n'y va pas par quatre chemins. "Au niveau épidémiologique, la pandémie est là, elle a commencé. (...) C'est le rôle de l'OMS d'être en adéquation avec la réalité", considère ce spécialiste qui a dénoncé dans une interview au point.fr le catastrophisme ambiant autour de la grippe A, ce qui ne l'a pas empêché d'évoquer, quelques jours plus tôt, le chiffre de 30.000 morts en France en cas d'épidémie.


Pour Antoine Flahault, le terme de pandémie pour la grippe implique une "extension géographique" du virus à plusieurs continents et la "présence d'une nouvelle souche sur le plan immunitaire", contre laquelle les gens sont peu ou pas immunisés, ce qui est le cas pour le H1N1. Un premier cas mortel de grippe A a été confirmé en Colombie mercredi, septième pays à enregistrer un décès provoqué par le virus. 


Outre le Mexique, foyer de l'épidémie et pays le plus touché avec 108 décès, les États-Unis, le Canada, le Chili, le Costa Rica et la République dominicaine ont également enregistré des cas mortels. L'Organisation mondiale de la santé a déclaré mardi être "très, très près" de déclencher le niveau 6 d'alerte pandémique maximum face au virus A (H1N1) qui a contaminé 26 563 personnes dans 73 pays, faisant 140 morts. 


Flahault : "On ne va pas fermer les écoles" 


L'organisation est toutefois très soucieuse d'éviter une panique injustifiée compte tenu de la virulence relativement faible actuellement du virus, équivalent à celui d'une grippe saisonnière. Elle fait valoir qu'elle doit s'assurer que les États vont réagir de manière appropriée, en adaptant leur riposte à la gravité de la maladie. "Les plans (de réaction des gouvernements) sont en général fondés sur des scénarios d'une maladie plus grave", explique le numéro deux de l'OMS, Keiji Fukuda. Outre la panique, l'organisation, dont le siège est à Genève, veut éviter des restrictions de circulation des personnes et des biens, comme certains pays l'ont décrétée au début de la crise. Même averstissement du côté du professeur Flahault : le plan ne doit pas générer des "conséquences excessives et inappropriées". Le virus "n'est pas le H5N1 de la grippe aviaire, il n'a pas la même virulence (H5N1 : 60 % de mortalité) ni la même problématique". "Bien sûr, on ne va pas fermer les écoles, les transports aériens, interdire les rassemblements et les réunions dans les pays où le virus ne circule pas avec intensité", rassure-t-il, avant d'avertir : "Il va falloir user de beaucoup de réactivité et de souplesse vis-à-vis de l'évolution de la situation."