jeudi 11 juin 2009

Grippe porcine : l'OMS relève son niveau d'alerte à 6 et déclare une pandémie

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché ce jeudi le niveau 6 d'alerte maximale face à la grippe porcine A (H1N1) désormais considérée comme une pandémie mondiale, la première du 21e siècle, a-t-on appris de source diplomatique à Genève. La directrice de l'OMS Margaret Chan en a informé les représentants des Etats membres de l'organisation, a précisé la source. Mme Chan, qui avait consulté jeudi les experts du comité d'urgence de l'OMS, fera une annonce officielle devant la presse à 16h GMT. Alors que le virus d'origine porcine, aviaire et humaine affecte désormais 28 774 personnes dans 74 pays et fait 144 morts, c'est la situation en Australie qui est, semble-t-il, à l'origine de la décision de l'OMS. Le numéro deux de l'OMS, Keiji Fukuda avait reconnu mardi "une transmission locale" dans l'Etat de Victoria (sud-est de l'Australie).


Cinquième pays le plus touché au monde avec 1 263 cas, l'Australie a fait savoir jeudi que quatre malades avaient été admis en soins intensifs. La situation est également préoccupante au Chili: le nombre des malades y a plus que triplé en deux jours, atteignant désormais 1 694 personnes. A Hong Kong, la fermeture des écoles primaires et les crèches a été ordonnée après la contamination de douze élèves par le virus. Et en Allemagne (78 cas répertoriés mercredi), 27 élèves d'une école japonaise de Düsseldorf (ouest) ont contracté la maladie.

Depuis dix jours déjà, l'OMS prépare activement le terrain à l'annonce de la pandémie. Mardi, M. Fukuda avait reconnu que "nous (étions) vraiment très, très près" de la pandémie. Il a expliqué que l'organisation attendait pour cela des preuves que le virus, apparu fin mars au Mexique puis aux Etats-Unis, se propageait bien localement dans une région autre que le continent américain. Mercredi, l'OMS a convié les ministres de la Santé des huit pays les plus affectés à une téléconférence pour "voir s'ils (avaient) des preuves incontestables de transmission locale". Pour les experts, ces preuves existent déjà depuis un moment, mais l'OMS a décidé, sous la pression de ses membres, de prendre son temps pour préparer au mieux ses 193 membres et éviter un mouvement de panique qui serait, selon elle, injustifié.

"Passer en phase six signifie que la propagation (du virus) continue... mais ne signifie pas que la gravité de la maladie a augmenté", a insisté le Dr Fukuda. De fait, la mortalité du virus s'est révélée jusqu'à présent à peu près équivalente à celle de la grippe saisonnière (0,1 %), en dehors du Mexique (0,4 %), alors que celle de la grippe aviaire est de 60 %. Mais le virus devrait muter et pourrait se combiner avec une souche plus virulente, ouvrant la voie à des scénarios beaucoup plus pessimistes, craint l'OMS. Malgré tout, l'organisation se veut rassurante, répétant à l'envie que le monde n'a jamais été aussi bien préparé à une pandémie de grippe. Il s'agit de la première pandémie déclarée par l'organisation basée à Genève depuis plus de 40 ans.