dimanche 14 juin 2009

80 cas de grippe A (H1N1) confirmés en France

Quatre-vingt personnes ont été atteintes par le virus de la grippe A (H1N1) en France depuis le début de l'épidémie, rapporte l'Institut de veille sanitaire (InVS).

Parmi ces 80 cas, figurent 68 cas "importés", c'est-à-dire ayant été directement contaminés à l'étranger, les 12 autres ayant été contaminés de façon secondaire par des voyageurs. A ce jour, "aucune forme sévère n'a été observée" et 28 cas sont en cours d'investigation, précise l'InVS qui publiera son prochain point lundi.

Après la décision de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) de passer au niveau 6, la France a décidé cette semaine de maintenir le niveau d'alerte pour l'épidémie de grippe porcine au niveau 5 A.

L'ensemble de ces informations donne une impression très rassurante. Pourtant de nombreux spécialistes ont des opinions très alarmistes. Sommes-nous vraiment prêts en France ? Serons-nous capable de mettre à profit cette relative accalmie pour mieux nous organiser ?

On peut en douter à la lecture de l'article publié par le Docteur Claude Lehmann sur son blog et qui relate la mésaventure récente d'un médecin de campagne du Calvados, et que nous reproduisons ci-dessous.

Christian Lehmann : J'ai déjà écrit, ici et ailleurs, à quel point le plan "pandémie grippale" ou "grippe aviaire" (c'est selon) concocté par nos élites et sans cesse vanté comme l'un des plus sûrs et mieux ficelés de la planète voire de l'univers connu, est une pantalonnade.

La mésaventure survenue il y a quelques jours à un médecin généraliste français, dont je respecterai l'anonymat, en est une preuve supplémentaire : (je retranscris ici un mail d'un autre confrère).

Le généraliste voit cet étudiant américain, revenant de Dallas il y a 6 jours, séjournant dans un gîte avec plus de 25 copains pour un syndrome grippal franc, après avoir eu un contact avec un autre "grippé" en France il y a 5 jours, débarquer dans sa salle d'attente en milieu d'après midi.
Compte tenu du contexte, il téléphone au 15 qui est arrivé en 30 minutes en tenue de cosmonaute et a embarqué l'étudiant américain au CHU en isolement. DDASS et INVS sur les dents (surtout avec la venue d'Obama pour la commémoration du 6 juin) bref tout le monde du gîte est embarqué au CHU, prélèvement pour tous).

Trois heures plus tard, jackpot, H1N1 positif pour le premier étudiant, alors isolement renforcé Tamiflu pour tout le monde. Pendant ce temps là, notre collègue finit sa consultation, après avoir consciencieusement nettoyé et aéré sa salle d'attente, laissé les patients attendre dehors (il faisait super beau) désinfecté tout son matériel et commencé a stresser : et si j'étais contaminé ? Pas de masques FFP2, la DDASS refuse toujours de livrer les médecins, ceux qui n'en ont pas doivent venir les chercher à Caen, on imagine comme c'est facile pour un gars du fin fond du Calvados, c'est bien connu, on a que cela à faire !

Jusque là, donc, à part ce problème de moyens de protection, pas de fausse note, tout se déroule bien, sauf que personne, mais vraiment personne n'a pensé à prévenir ce gueux de généraliste rural que son patient était bien infecté par le H1N1. Alors, en fin de journée, il téléphone au laboratoire du CHU pour connaitre le résultat et.......se fait jeter au pretexte que ce n'est pas lui qui a prescrit le test. Il finit par appeler les urgences et surtout l'URML dans la soirée car il a fait la formation grippe aviaire il y a 18 mois que nous avions organisée, et a parlé pendant de longues minutes pour dire à quel point il était désemparé: devait il rentrer chez lui, au risque éventuel de contaminer ses propres enfants ? Il était très stressé par cette situation et avait pris la mesure du vide sidéral qui existe entre les propos des institutionnels sur le mode "tout est prêt, on assure" et l'inexistence absolue de prise en charge des professionnel de santé libéraux, pourtant fantassins de première ligne, sous équipés et tenus pour quantité négligeable par les autorités sanitaires (alors qu'au CHU, à l'arrivée du patient contaminé, tout le service jusqu'au dernier des brancardiers était équipé des pieds à la tête et à peut-être reçu du Tamiflu ??).

Je n'ai pas eu l'occasion de joindre les principaux intéressés, n'ai pu que contacter des confrères en périphérie de cet incident, mais, s'il se révèle relaté ici de manière véridique (ce dont hélas je ne doute guère) , il servira utilement de rappel lorsque la pandémie s'étendra. Les insuffisances des institutionnels et leur mépris total pour la piétaille généraliste sur le terrain sont évidents de longue date.

Si j'étais simple quidam, patient "lambda", je m'en inquiéterais...