mardi 2 juin 2009

L'OMS propose une échelle de virulence avant de passer en phase 6

Le Dr Keiji Fukuda, directeur général adjoint des questions de sécurité sanitaire de l’OMS a tenu mardi 2 juin une conférence téléphonique en liaison avec les media. Il est clair que la diffusion du virus justifie aujourd’hui de qualifier la situation de pandémique et qu’à ce titre l’OMS peut envisager de passer au niveau d’alerte 6, néanmoins auparavant l’OMS, souhaite, sur conseil des experts réunis il y a quelques jours, réfléchir à la virulence de l’épidémie - au-delà de sa seule diffusion - afin de pouvoir fournir aux Etats membres un véritable guide et des outils pratiques pour passer, le cas échéant au niveau d’alerte 6.

Le Dr Keiji Fukuda ouvre sur le point épidémiologique qui fait état de 64 pays touchés, 18 965 cas avérés en laboratoire et 117 décès. 3 types de foyers épidémiques sont distingués par l’OMS :

• Un premier groupe de pays où l’épidémie est “avancée” comme les USA, le Mexique et le Canada. Dans ces pays, constate le Dr. Fukuda le virus disparaît puis réapparait localement, la transmission se fait à la fois par importation du virus ou par transmission communautaire.
• Un second groupe de pays « en situation de transition » comme le Royaume Uni, l’Espagne, l’Asie, l’Australie par exemple où la transmission communautaire est encore limitée.
• Enfin, le 3ème groupe des pays à épidémie « limitée ».

Le virus touche des personnes en majorité âgées de moins de 60 ans et les cas les plus sévères sont plutôt situés dans une tranche d’âge de jeunes adultes entre 20 et 40 ans, mais pas uniquement précise le Dr. Fukuda en réponse à la question d’un journaliste.

L’OMS vient de réunir 30 experts venant de 23 Etats membres afin de discuter l’opportunité de passer du niveau d’alerte 5 au niveau d’alerte 6. Cette discussion même traduit l’éventualité d’un tel passage, néanmoins, une nouvelle fois, les experts réunis auraient sollicité l’OMS de bien considérer et de travailler sur une échelle de virulence (severity) du virus « A (H1N1)» avant d’aller plus avant. Comme l’a déclaré le Dr. Fukuda, il ne s’agit pas de déclarer le niveau d’alerte 6 et de laisser les pays se débrouiller ensuite mais de les aider en mettant des outils à disponibilité à gérer cette phase 6.

Sur la virulence, a ajouté le Dr. Fukuda,

- On ne connaît pas vraiment le nombre réel de cas : On ne peut, malgré le faible nombre de décès rapporté au nombre de cas déclarés, parler de forme douce (mild) de l’infection, car le nombre réel de cas n’est pas connu, des cas de grippe A (H1N1 )sont avérés en laboratoire malgré des symptômes différents. En gros, l’OMS suppute un nombre de cas réel bien plus important que les chiffres officiels.

- La virulence (severity) doit intégrer la notion de vulnérabilité des populations non seulement les personnes sous traitement, les femmes enceintes par exemples mais également les spécificités locales en matière de Santé publique.

- L’impact du virus dans l’hémisphère sud n’est pas encore connu. Sur ce point le Dr. Fukuda a précisé néanmoins que les rapports de laboratoires liés au cas déclarés dans l’hémisphère sud étaient tout à fait comparables (similar) aux rapports des cas de l’hémisphère nord.
L’OMS devra donc prendre en compte à la fois le critère de diffusion géographique de l’épidémie et celui de virulence avant d’envisager voire de décider un passage au niveau d’alerte 6.

Donner aux Etats membres une échelle de virulence (en 3 points, a proposé le Dr. Fukuda), simple, lisible au niveau local, c’est-à-dire de chaque pays ainsi qu’une véritable feuille de route tenant compte du niveau de virulence donc de la vulnérabilité de la population, applicable localement et tenant compte des enjeux et des conséquences économiques : C’est la prochaine étape de l’OMS : « 3 degrés de virulence peuvent être une vraie base pour les différents Etats ».

On peut donc aujourd’hui comprendre :

- qu’un passage au niveau d’alerte 6 serait accompagné d’une graduation « secondaire » en quelques points qui permettrait à chaque Etat d’adapter sa gestion pandémique à sa situation pandémique et à sa vulnérabilité spécifiques locales. La prise en compte des spécificités locales est un point qui avait déjà été abordé lors de la récente réunion des experts portant sur les conditions de sécurité biologique de la production du vaccin.

- qu’un tel passage serait accompagné d’une communication qui reste à développer sur la signification exacte de la phase 6.

Car « une pandémie peut être moins sévère qu’une autre » a conclu le Dr Keiji Fukuda.